La France et l’Allemagne vont approfondir leur coopération en matière d’armement

Après le changement à la tête du pouvoir exécutif à Paris, l’on ne peut pas dire que les relations franco-allemandes sont au beau fixe. Ainsi, par exemple, le 14 juin, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a appelé à ne pas « se laisser aller à des formules simplistes », en réponse à des propos tenus par la chancelière allemande, Angela Merkel, qui avait affirmé plus tôt que Berlin ne pouvait pas se satisfaire de « solutions de facilité » et de la « médiocrité » comme solutions à la crise de l’euro.

En revanche, si, sur le front économique, ce n’est pas l’entente parfaite, au niveau de la défense, Paris et Berlin semblent avoir accordé leurs violons. En effet, la Direction générale de l’armement (DGA) et la Bundesamt für Wehrtechnik und Beschaffung (BWB), son homologue allemande, ont signé un protocole d’accord visant à coordonner leurs nouveaux achats de chars et de systèmes d’artillerie ainsi qu’à éventuellement coopérer en matière de défense anti-missile.

En outre, il est également question de développer un « drone européen », sans que soit précisé le type de ce futur appareil. Le protocole précise qu’à ce sujet, la France devra prendre contact avec le Royaume-Uni, pays avec lequel elle a passé un accord dans ce domaine en novembre 2010 afin de développer en commun un engin piloté à distance.

« Nous devons bâtir une plate-forme à laquelle d’autres peuvent se joindre », a commenté Stephane Beemmelmans, le vice-ministre allemand de la Défense. « La France et l’Allemagne ont souvent fait cela et c’est que nous voulons faire à nouveau », a-t-il ajouté.

Du côté du ministère de la Défense, à Paris, l’on précise que ce protocole d’accord n’est qu’une « feuille de route technique ». Quoi qu’il en soit, Jean-Yves Le Drian, le locataire de l’Hôtel de Brienne, rencontrera son homologue allemande, Thomas de Maizière, le 22 juin prochain à Berlin afin d’aborder, selon Reuters, qui cite un conseiller du ministre, les « sujets qui entreront dans le cadre d’un rapprochement bilatéral très fort entre la France et l’Allemagne et du 50e anniversaire du Traité de l’Elysée ».

Cela étant, d’autres pays pourraient rejoindre cette initiative, à commencer par l’Italie, qui, confrontée à des difficultés budgétaires, a revu largement à la baisse, en février dernier, les ressources allouées à ses forces armées. Le 18 juin prochain, Jean-Yves Le Drian doit rencontrer l’amiral Giampaolo Di Paola, son homologue italien.

Par ailleurs, au niveau industriel, le groupe français d’armement terrestre Nexter, serait, selon le magazine Challenges, en « négociations avancées » avec la firme allemande Krauss-Maffei Wegmann, qui fabrique le char Leopard 2, le Spz Puma ou encore le Dingo. Des discussions serait également en cours avec Rheinmetall mais aussi avec l’italien Oto-Melara (Centauro) et le finlandais Patria. De quoi faire un « EADS de l’armement terrestre ».

Seulement, il reste un obstacle à franchir pour que ces négociations puissent aboutir : il faudra en effet régler la question de l’ouverture du capital de Nexter, détenu à 100% par l’Etat français. Cet aspect du dossier a jusqu’à présent empêché toute consolidation du secteur de l’armement terrestre, en France, alors qu’à un moment, il était question de rapprocher l’ancien Giat avec Panhard, Renault Trucks Defense, ou encore Thales, comme l’ancien gouvernement en avait l’intention.

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