Des négociations compliquées mais à un stade avancé entre Panhard et Renault Trucks Defense

Tout le monde, sur le Vieux Continent, s’accorde à dire que l’industrie européenne de l’armement terrestre est trop fragmentée – elle compte pas moins d’une dizaine d’acteurs – et qu’une consolidation est par conséquent nécessaire. Et ce constat ne date pas d’aujourd’hui. Et pourtant, rien ne change, ou si peu.

Aussi, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ne devra pas ménager sa peine s’il veut faire aboutir un « EADS de l’armement terrestre », comme il en a l’intention. Le géant européen du secteur, BAE Systems, n’est pas forcément demandeur d’alliances : il est en position de force, avec un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros. A moins que la baisse de la demande chez ses clients traditionnels (ministère britannique de la Défense, Pentagone) l’oblige à revoir ses plans.

La consolidation pourrait passer par un accord entre un acteur français et l’un des industriels allemands du secteur, à savoir RheinMetall et KMW. Mais cela dépendra de l’évolution des relations franco-allemandes et l’alternance en France a rebattu les cartes à ce niveau. Et un autre problème sera de faire fi des logiques nationales pour qu’émerge un acteur européen d’envergure dans ce secteur, où la concurrence des pays émergents commence à s’affirmer. L’on pense évidemment à la Chine, mais pas seulement : le blindé NIMR, produit aux Emirats arabes unis, a déjà été vendu à 500 exemplaires.

Qui plus est, le fait que le capital de Nexter, le fabricant du char Leclerc et du VBCI, soit verrouillé (100% des parts appartiennent à l’Etat), n’est pas fait pour faciliter les choses, même si un projet avec Thales, qui produit également des blindés en Australie, est dans les « tuyaux ».

« La consolidation, je l’imagine d’abord entre français avant d’intervenir à l’échelle européenne » a cependant estimé Christian Mons, à la fois président du GICAT (Groupement des Industries Françaises de Défense Terrestre) et patron de Panhard.

Aussi, depuis maintenant plus de 6 mois, des discussions sont en cours avec Renault Trucks Defense, filiale de Volvo, et Panhard. Les patrons des deux sociétés ont récemment confié qu’elle en sont à « un stade avancé ».

« Nous négocions en ce moment », a déclaré Christian Mons. « Nous avançons, nous progressons » a-t-il ajouté quelques jours avant l’ouverture du salon EuroSatory, où son entreprise présentera le Sphinx, l’éventuel successeur de l’AMX-10 RC et de l’ERC-90 Sagaie, et son nouveau concept de véhicule blindé CRAB.

Mais, a-t-il admis, « les discussions sont compliquées ». « Volvo est une compagnie énorme et compliquée. Les progrès dans les négociations sont complexes » a-t-il ajouté. « Cela prend du temps » a-t-il conclu.

« Nous en sommes à la dernière étape » a, de son côté, confirmé Gérard Amiel, le directeur général de RTD. « C’est une véritable négociation. Toutes les conditions sont en place pour que cela se produise » a-t-il poursuivi. « Ce sont les négociations finales d’un vendeur qui veut le meilleur prix pour son produit et un acheteur qui veut acheter le moins cher possible. La route était plus longue que nous nous attendions » a-t-il reconnu.

Pour RTD, mettre la main sur Panhard lui permettrait de faire passer son chiffre d’affaires à 400 millions d’euros, avant d’envisager de le doubler. Et cela d’autant plus que l’alliance des deux entreprises fait sens, dans la mesure où leurs gammes et leurs outils de production sont complémentaires.

Pour autant, il n’est pas question que Panhard soit démantelé. C’est une entrepreise « qui 120 ans d’histoire », qui est « incontestablement un joyau de l’industrie française », a fait valoir Christian Mons

Cela étant, le dernier mot reviendra au conseil d’administration de Volvo. Si ce dernier juge que les négociations vont dans l’intérêt du groupe suédois, alors l’opération devrait se faire. « L’achat n’est pas une tâche facile, compte tenu des difficulté du marché de la défense en 2011 et 2012 » a expliqué Gérard Amiel.

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