L’US Navy déploiera 60% de ses navires dans la zone Asie-Pacifique

Conformément à l’orientation donnée par l’administration Obama depuis maintenant quelques mois, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a indiqué, le 2 juin, que l’US Navy redéploiera 60% de ses moyens dans la région Asie-Pacifique d’ici 2020. Cette annonce a été faite lors du sommet sur la sécurité de Shangri-La, organisé à Singapour par l’Institut international pour les études stratégiques (IISS) basé à Londres.

« La répartition de la flotte américaine entre les océans Atlantique et Pacifique passera de 50/50 actuels à 60/40 avec une priorité pour le Pacifique. Il s’agit de six porte-avions, de la plupart de nos croiseurs, destroyers, navires de débarquement et sous-marins » a ainsi affirmé Leon Panetta, qui avait par ailleurs précisé, dans l’avion qui l’emmenait à Saingapour, que le Pentagone allait également « investir dans de nouvelles technologies qui nous aideront à bâtir une projection forte puissance ».

Actuellement, l’US Navy compte 285 navires. Ce nombre ne devrait être que peu affecté par les réductions budgétaires auxquelles le Pentagone doit faire face (et dont le Congrès s’acharne à diminuer l’ampleur).

D’une manière générale, la marine américaine sera de toute façon relativement préservée par les économies. Le « Future Years Defense Plan » (FYDP) prévoit, au cours des 5 prochaines années, de consacrer annuellement 13 milliards de dollars aux constructions de nouveaux navires (soit 41 au total sur la période considérée).

A terme, l’ordre de bataille de l’US Navy devrait passer à 280 bâtiments, même si des unités vont être retirées prématurément du service actif (7 croiseurs de type Ticonderoga sur 22, 2 Transports de chalands et de débarquement). L’objectif pour la marine américaine est de disposer de forces moins imposantes mais modulaires et agiles, technologiquement plus avancées.

Ce renforcement des moyens militaires – la présence de l’US Marine Corp étant appelée à augmenter également – s’accompagnera par l’établissement de partenariats militaires avec certains pays de la région.

Pour Leon Panetta, cette stratégie ne vise pas particulièrement la Chine mais doit permettre de lutter contre le terrorisme, la piraterie maritime, la traite d’êtres humaies, le trafic de drogue. D’ailleurs, lors de son discours, le patron du Pentagone a appelé à une « relation mature » avec Pékin, et donc à renforcer la coopération sur des sujets de préoccupation communs.

Bien évidemment, étant donné les tensions territoriales entre l’Empire du Milieu et ses voisins, notamment en mer de Chine méridoniale, le discours de Leon Panetta n’a pas été bien accueilli par Pékin, qui a lancé un plan de modernisation ambitieux de la marine chinoise.

L’agence officielle Chine Nouvelle a répondu qu’il n’était pas opportun de « créer des vagues » en mer de Chine méridoniale et a dénoncé « le concept très surévalué de ‘menace chinoise’ à la liberté de navigation » dans cette partie du globe.

« Il est recommandé à certains de ne pas venir troubler ces eaux » a écrit l’agence, selon qui « des prétendants, enhardis ou pas par la nouvelle posture des Etats-Unis, ont allumé le feu et attisent depuis les flammes (allusion aux Philippines, ndlr) » alors que Pékin aurait « le véritable désir » de faire de cette régon une « Mer de paix ».

Cela étant, lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’académie navale d’Annapolis aux futurs officiers de l’US Navy, le 29 mai, Leon Panetta a affirmé que l’armée chinoise est en expansion et se modernise. Nos devons rester vigilants. Nous devons être forts. Nous devons être prêts à relever n’importe quel défi. « L’Amérique est une nation maritime, et nous retournons à nos racines maritimes » a-t-il aussi déclaré à cette occasion.

Pour les autres pays de la région, la montée en puissance militaire chinoise est aussi une source de préoccupation. A commencer par le Japon, dont le vice-ministre de la Défense, Shu Watanabe, a une nouvelle fois exprimé les critiques de Tokyo à l’égard du manque de transparence des ressources que Pékin consacre à ses forces armées, les deux pays s’opposant en outre sur la souveraineté des îles de Senkaku (Diaoyu pour les Chinois).

L’Inde n’est pas en reste non plus dans les critiques portant sur l’augmentation des moyens militaires de Pékin. « Puisque la Chine a augmenté ses capacités militaires et dépense plus en matière de défense, de notre côté, pour protéger nos intérêts nationaux, nous renforçons également nos capacités à nos frontières » a expliqué A.K Antony, le ministre indien de la Défense.

Enfin, pour le ministre australien de la Défense, Stephen Smith, la réorientation de la stratégie américaine ne peut pas « causer de l’instabilité ou une course aux armements », estimant au contraire qu’elle serait « un facteur de paix et de sécurité ».

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