Le dossier des drones MALE sera « remis à plat »

Le remplacement des drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) Harfang, mis en oeuvre actuellement par l’armée de l’Air connaîtra-t-il un nouveau rebondissement? Cela n’est pas à écarter si l’on en juge d’après les propos tenu par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors d’un point de presse, le 30 mai.

Le choix du successeur du Harfang s’est joué entre deux solutions. La première, qui avait les faveurs de l’Etat-major, consistait à acquérir « sur étagère » des MQ-9 Reaper du constructeur General Atomics, dont les capacités ne sont plus à prouver. La seconde visait à confier à Dassault Aviation le soin de « franciser » le Heron TP de l’israélien IAI, sans que l’on sache encore si l’appareil pourra être armé ou non.

En juillet 2011, considérant qu’il était nécessaire pour l’industrie aéronautique française de combler son retard en matière de drone, le ministre de la Défense de l’époque, Gérard Longuet, trancha en faveur de Heron TP. Il s’agissait alors de se préparer au développement du futur drone franco-britannique Telemos, avec BAE Systems et Dassault Aviation aux manettes.

Le dossier n’en resta là car, lors de la discussion portant sur le budget 2012 de la Défense, députés et sénateurs, quels que soient leur bord politique, s’affrontèrent sur cette question. Au Sénat, au nom du pragmatisme et de l’efficacité, l’on souhaitait équiper l’armée de l’Air de MQ-9 Reaper. D’où l’annulation des crédits nécessaires à l’achat de drones Heron TP… Lesquels furent rétablis par l’Assemblée nationale, où, en revanche, l’on défendait le choix du gouvernement, grâce à un amendement déposé par un député socialiste, Jean-Claude Viollet.

« Plus globalement, l’adoption de cet amendement, qui permettra de confirmer le choix initial du Gouvernement, marquera la volonté de notre Assemblée, au moment où notre pays est durement frappé par la crise, de préserver notre industrie et ses emplois, dans l’un des secteurs de hautes technologies, aux très forts enjeux stratégiques » avait justifié le parlementaire charentais.

Seulement, l’alternance à la tête de l’Etat risque de rabattre les cartes. Lors d’un discours portant sur les questions de défense, le 11 mars dernier, François Hollande avait pointé, sans le nommer, la trop grande influence de Dassault sur l’industrie de défense française.

Toujours est-il que Jean-Yves Le Drian a décidé de revoir ce dossier. « Sur les drones, ma posture est très simple. Je remets à plat, sans passion et avec pragmatisme. Je regarde » a-t-il déclaré, en promettant qu’il allait faire vite, avant le 14 juillet. « Un pays qui n’a pas d’industrie de défense est amputé » a-t-il poursuivi, en soulignant que la politique industrielle de ce secteur est une de ses prérogatives. « J’entends bien l’exercer. Je rentre dans ces dossiers sans a priori (…), avec le souci de conforter les industriels de la défense » a-t-il ajouté.

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