Les rebelles touaregs et les islamistes maliens fusionnent

Parmi les pays qui ne vont pas très bien, le Mali en fait assurément partie. En janvier, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alliés aux islamistes d’Ansar Dine, eux-mêmes renforcés par des éléments d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ont lancé une offensive victorieuse contre les forces armées régulières maliennes, avec pour objectif de couper le pays en deux.

Dans le même temps, à Bamako, un coup d’Etat militaire a renversé le président Amadou Toumani Touré, accusé de passivité face à la rébellion, alors que des élections devaient être prochainement organisées. Sous la pression de la Cédéao, la junte a accepté un processus de transition et la nomination, à la tête de l’Etat, de Dioncounda Traoré. Seulement, la situation est tendue dans la capitale malienne, avec l’agression de ce dernier par des manifestants.

Reste que, de fait, le nord du Mali a échappé au contrôle de Bamako et ce vaste territoire est désormais aux mains du MNLA et d’Ansar Dine. Et c’est dans ce contexte que ces deux organisations viennent d’annoncer leur fusion et de proclamer un « Etat islamique ».

« Le mouvement Ansar Dine et le MNLA proclament leur auto-dissolution dans l’Azawad. Les deux mouvements créent le Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad » indique un protocole d’accord rendu public ce 27 mai. « Nous sommes tous pour l’indépendance de l’Azawad », « nous acceptons tous l’islam comme religion », le Coran et la Sunna sont « la source du droit » fait encore valoir le document.

Ce protocole, qui a, semble-t-il, mis du temps à aboutir, marque un tournant majeur, dans la mesure où, jusqu’à présent, la rébellion touareg se voulait laïque et qu’on la présentait avec des objectifs et une idéologie totalement différents des islamistes d’Ansar Dine. Et il montre surtout que ces derniers, avec l’aide d’AQMI et probablement d’autres mouvements jihadistes (Mujao, Boko Haram) ont à l’évidence pris l’ascendant sur le MNLA.

La semaine passée, le chef d’AQMI, l’algérien Abdelmalek Droukdel, a donné pour directive à ses combattants d’imposer « graduellement » la charia dans le nord du Mali afin d’y créer un Etat islamique.

Finalement, c’est le scénario qui était le plus redouté qui est en train de se réaliser, à savoir « l’afghanisation » du Nord-Mali, où, par ailleurs, sévit une grave crise alimentaire, ce qui n’est pas fait pour arranger la situation.

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