Le F-35B n’a pas que des amis au Congrès américain

Avec 299 voix contre 120, le budget 2013 du Pentagone a été porté à 643 milliards de dollars par la Chambre des représentants des Etats-Unis, soit un montant supérieur de 4 milliards par rapport à ce qu’avait demandé l’administration Obama. Ainsi, les parlementaires ont ignoré la menace de veto de la Maison Blanche en cas de non respecter de l’accord budgétaire.

Cela étant, plusieurs amendements visant à trouver des économies ont été repoussés après d’âpres débats. Ainsi, l’achat de nouveaux V-22 Osprey, un appareil qui cumule les avantages d’un hélicoptère et ceux d’un avion, a été constesté, un élue démocrate l’ayant même surnommé de « porc dangereux avec des ailes ».

De même que les crédits pour le développement du futur bombardier furtif de l’US Air Force. « De toutes les choses que l’Amérique n’a pas besoin en ce moment, c’est d’un autre bombardier nucléaire. Nous n’avons plus d’objectifs à frapper » a lancé un élu démocrate du Massachussetts. Ce à quoi il lui a été répondu que ce type d’appareil serait utile pour transporter des armes conventionnelles. Conclusion, l’aviation américaine aura les ressurces nécessaires pour continuer à développer le successeur du B-2 Spirit.

Autre programme dans le collimateur : le F-35 à décollage court et atterrissage vertical (STOVL), c’est à dire la version B, celle qui doit en théorie équiper l’US Marine Corp. Il y a deux ans, le secrétaire à la Défense de l’époque, Robert Gates, l’avait placé en probation après une série de retards et de surcoûts, avec la menace de l’abandonner si, d’ici là, la trajectoire n’avait pas été corrigée. Ce qui depuis a été, semble-t-il, le cas puisque l’actuel patron du Pentagone, Leon Panetta, l’a finalement supprimé cette période probatoire en janvier dernier.

L’on savait que le F-35 a été sévèrement critiqué par le sénateur républicain John McCain, le concurrent malheureux de Barack Obama en 2008 à la course à la Maison Blanche. Pour ce qui concerne la version STOVL, c’est le représentant démocrate du Michigan, John Conyers, qui a sonné la charge.

Selon l’amendement qu’il a proposé, il était question de rediriger les fonds économisés par l’abandon du F-35B vers la réduction du déficit et l’achat d’avions F/A-18 E/F supplémentaires. En jeu : 50 milliards de dollars sur toute la durée de vie du programme.

Seulement, le F-35B bénéficie du soutien de la Maison Blanche. Et comme l’a souligné un autre élu démocrate, Adam Smith, responsable du House Armed Services Committee, plusieurs partenaires internationaux sont impliqués dans le développement de cet appareil. Et mettre un terme à la variante STOVL mettrait, selon lui, en péril l’ensemble du programme Joint Strike Fighter. « C’est regrettable (…) mais nous devons faire ce travail » a-t-il affirmé.

Aussi, et même si l’amendement de John Conyers a été repoussé, cet épisode a de quoi inquiéter les pays qui comptent sur le F-35B pour disposer de capacités aéronavales. Si les financements pour cet appareil ont été maintenus pour cette fois, qu’en sera-t-il à l’avenir, sachant que le budget du Pentagone est sous la menace potentielle de coupes automatiques et que la majorité au Congrès est susceptible de changer à la faveur des élections de novembre prochain?

Outre l’US Marine Corp, le Royaume-Uni et l’Italie sont les deux pays à avoir commandé des F-35B. Pour Rome, il est question d’acheter 30 appareils (15 pour aeronautica militare, 15 autres pour pour la marine), les autres (60) étant des F-35A. Quant aux Britanniques, ils n’ont guère le choix, étant donné qu’ils viennent de renoncer, pour des raisons budgétaires, à doter leurs porte-avions, actuellement en construction, de catapultes.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]