Afghanistan : Le Battle Group Acier prend la relève en Kapisa
Pour les militaires français du Battle Group Tiger, la mission en Afghanistan est désormais terminée. « Vous allez retrouver notre chère terre de France (…) vous devez le faire la tête haute! » leur a lancé le général Hautecloque-Raysz, le commandant de la brigade La Fayette, lors d’une cérémonie organisée le 7 mai dernier, afin de marquer le passage de témoin au BG Acier (Steel), à qui revient désormais la mission d’appuyer l’armée nationale afghane dans la province de Kapisa.
Au cours de son mandat, le BG Tiger, principalement armé par le 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA), aura perdu trois légionnaires du 2e Régiment Etranger du Génie, dont deux furent assassinés par un soldat afghan renégat.
Le général Hautelcoque-Raysz a souligné les avancées obtenues par le BG Tiger, et cela dans des conditions métérologiques rigoureuses, étant donné que l’hiver 2012 aura été l’un des plus rudes en Afghanistan depuis une vingtaine d’années.
Ainsi, l’armée nationale afghane a pu prendre le contrôle de 3 postes de combat avancés (COP) situés à Tagab et dans la vallée d’Alasaï et en construire un autre à Jalokhel, dans le cadre de l’opération Hunting Spears 6, avec toutefois l’appui des militaires français.
Pour autant, si le transfert de la responsabilité de la sécurité vient d’être fait dans le district de Surobi, la mission de la brigade La Fayette n’est pas terminée. Du moins si l’on se référe aux objectifs initiaux.
Pour ne rien arranger, la province de Kapisa, morcelée entre plusieurs éthnies, est un secteur difficile à contrôler. Selon les estimations du général Emam Nazar, le commandant la 3e brigade de l’armée afghane, il y aura environ 800 insurgés, dont des jihadites étrangers. Qui plus est, de par sa proximité avec Kaboul et la frontière pakistanaise, cette région est lieu de passage pour bon nombre de trafiquants.
« Depuis trente ans, il y a des litiges importants entre toutes les communautés en Kapisa. Des rivalités, notamment foncières, se sont enkystées. La zone est insurrectionnelle dans son quotidien. Quand les Français seront partis, les habitants continueront à se battre entre eux », a déclaré une source sécuritaire occidentale, selon l’AFP.
Quant au Battle Group Acier il est composé principalement, par le 16e Bataillon de Chasseurs, le 501e Régiment de Char de Combat (RCC), une section VBCI du 92e Régiment d’Infanterie, le 13e Régiment du Génie, le 40e Régiment d’Artillerie et des équipes cynotechniques du 132ème BCAT.
Et avec la victoire de François Hollande à la dernière élection présidentielle, l’on ne sait pas comment les choses vont s’organiser pour les BG Acier et Wild Geeses (armé par le 92e RI) étant donné que le nouveau locataire de l’Elysée a promis, au cours de la campagne, de retirer les forces françaises (combattantes?) d’Afghanistan d’ici la fin de cette année. Compte tenu des difficultés que cela suppose, il est fort possible que les militaires fraîchement arrivé sur le théâtre afghan fassent du rab…
En fait, retirer les « forces combattantes » dans un délai aussi court ne pose pas un problème insurmontable… Seulement, il y a aussi le matériel à rapatrier. Et là, – ce n’est pas faute de l’avoir souligné sur ce blog – c’est une autre paire de manches. D’autant plus plus que la chaîne logistique va être engorgée dans les semaines qui viennent, avec le retour aux Etats-Unis de 23.000 soldats américains d’ici le début de l’automne.
« D’un point de vue militaire, il n’est pas pratique de retirer des troupes d’ici la fin 2012 », a déclaré un responsable du ministère afghan de la Défense afghan, estimant que cela tient plus de la « promesse électorale que de la décision pratique ». Et d’ajouter : « Si on retire toutes les troupes combattantes, qui ensuite protègera les convois, afin qu’ils ne se fassent pas trucider en rentrant sur Kaboul ? Il faudra mécaniquement remettre d’autres hommes. »
La dernière opération (Condor Circle) menée les 1er et 2 mai derniers par le BG Tiger est, à ce propos, éclairante. Elle a consisté, avec des éléments afghans, à acheminer 50 tonnes de ravitaillement aux bases opérationnelles avancées (FOB) de Tagab et de Nijrab.
Et d’après l’Etat-major des armées, cela n’a pas été une promenade de santé étant donné que le convoi de 30 véhicules a été pris à partie par des insurgés alors qu’il traversait la « zone verte », qui, avec le printemps, permets à d’éventuels assaillants de se dissimuler dans la végétation. Pour mener cette mission à bien, il a fallu le recours aux hélicoptères pour faire cesser les accrochages… Et il est à craindre que ce qui est valable dans un sens l’est aussi dans l’autre.