Suisse : Malgré les critiques, le processus d’acquisition des Gripen continue

« Les chiens aboient et la caravane passe », dit un proverbe arabe. Les critiques n’ont effet pas manqué au sujet du projet de Berne d’acquérir 22 avions de combat Gripen afin de remplacer les F-5 Tiger encore en service dans les forces aériennes suisses.

Ainsi, il y a ceux qui sont opposés à cet achat, l’estimant coûteux et non prioritaire à l’heure où le contexte économique est incertain. Pour d’autres, c’est le choix du Gripen qui ne passe pas, étant donné qu’ils auraient préféré le Rafale de Dassault, voire l’Eurofighter.

Et ces derniers ont été confortés dans leur opinion par les résultats des évaluations des trois appareils en lice, lesquels ont indiqué que la version testée de l’avion suédois n’avait pas satisfait le minimum requis pour assurer les missions qui allaient lui revenir. Suite à cela, une sous-commission du Parlement suisse a été formée pour mettre au clair les conditions d’attribution de ce contrat. Ses conclusions sont attendues très prochainement.

Face à ces polémiques, et même si 98 modifications sont prévues pour adapter l’appareil aux exigences suisses, Ueli Maurer, le conseiller fédéral en charge du département de la Défense, a toujours fait valoir que la version du Gripen retenue « saura répondre aux attentes » et cela, même si, comme l’a confié un responsable militaire au quotidien Le Matin, « le risque technologique est trop grand ». « J’ai peur qu’on se retrouve dans l’impasse, avec des énormes dépassements de coûts, ce qui aboutirait à un scandale encore plus grand » avait-il aussi ajouté.

Quoi qu’il en soit, et malgré les critiques et la possibilité d’une remise en cause du contrat, le département suisse de la défense (DDPS) fait comme si de rien n’était. En effet, du 2 au 4 mai, une « équipe de projet intégrée » (EPI) dirigée par Armasuisse s’est ainsi rendue à Linköpingen Suède afin de « vérifier les évaluations du Gripen E/F » et de « réduire les risques liés au développement de l’aéronef ».

Ainsi, deux pilotes suisses ont pu effectuer une « série de vols de vérification » avec un Gripen F Demonstrator, lequel sert de pont entre les versions C/D et E/F. Cet appareil biplace, qui a effectué son premier vol en mai 2008 et compte désormais plus de 200 heures de vol, est utilisé pour valider les systèmes qui doivent équiper les futurs avions des forces aériennes suisses et suédoises.

« Afin que les essais soient aussi réalistes que possible, ils ont été exécutés sur la base de divers scénarios d’engagement, tels qu’on pourrait les imaginer en Suisse » a précisé le DDPS.

Par rapport aux modèles C/D, le Gripen E/F devrait disposer d’un moteur plus puissant, d’une nouvelle avionique, de deux postes d’armes supplémentaires et d’un système de guerre électronique. Il est également prévu de le doter d’un radar AESA (Active Electronically Scanned Array) dont les essais débuteront dès l’été prochain. « La vérification subséquente par l’équipe suisse est prévue pour le second semestre de cette année » souligne le DDPS.

Outre ces essais, il a aussi été question des modalités concernant la livraison des appareils. Pour Berne, il serait intéressant de se caler sur le calendrier du gouvernement suédois, lequel envisage d’acheter entre 60 et 80 Gripen E/F. Aussi, étant donné qu’aucune décision n’a été prise, il est probable que les premières livraisons aient lieu à partir de 2018 au lieu de 2015.

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