Camerone sous le signe de Bir Hakeim
Alors que la Légion étrangère va commémorer le 149e anniversaire de la bataille de Camerone, où, le 30 avril 1863, 3 officiers et 62 légionnaires de la compagnie commandée par le capitaine Danjou résistèrent aux assauts de 2.000 Mexicains pour les empêcher d’attaquer un convoi, le souvenir des combats de Bir Hakeim sera évoqué, 70 ans après.
En effet, à Aubagne, la main du capitaine Danjou sera portée par Hubert Germain, 91 ans, Compagnon de la Libération et jeune chef de section anti-char à Bir Hakeim au sein de la 13ème Demi-Brigade de la Légion étrangère.
Il y a des succès militaires qui ne donneront par la suite aucun avantage, comme par exemple celui de Narvik, en avril 1940, qui, bien qu’ayant été la première victoire alliée sur les troupes allemandes, n’aura pas empêché ces dernières d’occuper la Norvège. Et puis il y a des retraites, considérées généralement comme des défaites, qui, au contraire, permettent d’obtenir un gain tactique. Tel aura été le cas de Bir Hakeim, en Libye, au printemps 1942
Situé au sud d’une ligne de défense établie par les Britanniques afin d’empêcher les forces de l’Axe, commandées par le général allemand Erwin Rommel, surnommé le renard du désert, Bir Hakeim est confié à la 1ere Brigade Française Libre du général Koening, composée par des éléments disparates parmi lesquels l’on trouve des bataillons de la Coloniale, des fusiliers marins ou encore des légionnaires de la 13e DBLE, qui, créée en 1940, s’est illustrée à Narvik ainsi qu’en Erythrée, un an plus tard, contre les troupes italiennes.
Pour le général Rommel, il s’agit de lancer une offensive contre cette ligne allant de Gazala à Bir Hakeim pour ensuite foncer sur le canal de Suez. Ce que, bien évidemment, les Britanniques veulent éviter à tout prix étant donné que le contrôle de l’Egypte permet le ravitaillement de leurs troupes, l’île de Malte constituant un point d’appui précieux en Méditerranée.
Le 26 mai 1942, l’affaire commence par une offensive des troupes de l’Axe contre les positions tenues par les Alliés. Le lendemain, la division blindée italienne Ariete attaque Bir Hakeim par le sud-est : elle se heurte alors à un tir de barrage de l’artillerie française et finit par se replier, laissant sur le terrain 32 blindés. Dans le même temps, plus au nord, la 3e Brigade indienne est anéantie et deux autres unités britanniques sont contraintes de faire retraite ver Bir-el-Gobi et El-Adem.
Par la suite, et jusq’au 11 juin, les multiples offensives menées par l’Afrika Korps et les troupes italiennes vont se casser les dents sur la résistance héroïque de la 1ère BFL. « La bataille de juin commença par une préparation d’artillerie ; elle devait se poursuivre pendant dix jours durant et avec une violence peu commune. Pendant cette période, j’assumai moi-même, à plusieurs reprises, le commandement des troupes assaillantes. Sur le théâtre des opérations africaines, j’ai rarement vu combat plus acharné » écrira Rommel.
Puis, considérant que le sacrifice des soldats français était devenu inutile, les forces de l’Axe ayant percé la ligne défensive plus au nord, et que la 1ère BFL serait précieuse pour d’autres combats, l’état-major britannique donne l’ordre d’évacuer Bir Hakeim. Ce qui serait fait, malgré l’encerclement de la position par les troupes ennemis. « Une fois de plus, la preuve était faire qu’un chef français (Koening), décidé à ne pas jeter le fusil après la mire à la première occasion, peut réaliser des miracles, même si la situaion est apparemment désespérée » raconte Rommel, lui qui s’attendait à voir tomber Bir Hakeim le 27 mai.
Mais ces 14 jours de résistance acharnée offerte par les soldats français aura permis aux Britanniques de rassembler leurs forces et de préparer ainsi dans de meilleurs conditions une autre bataille décisive : celle d’El-Alamein, où le colonel Dimitri Amilakvari, le commandant de la Légion à Bir Hakeim, trouvera la mort.