Piraterie : Amélioration en Somalie, dégradation dans le golfe de Guinée

Bonne nouvelle : selon le dernier rapport trimestriel établi par le Bureau Maritime international (BMI), le nombre d’actes de piraterie est en baisse sur les trois premiers de l’année avec 102 attaques signalées contre 142 par rapport à la même période l’an passé, ce qui représente un recul de près de 30%.

Cela étant, la piraterie maritime reste à un niveau élevé et retrouve celui qu’elle avait en 2009. Dans le détail, 11 navires ont été capturés, 45 abordés, 14 ont été la cible de tirs, 32 tentatives d’attaques ont été constatées, 232 marins ont été fait prisonniers et 4 autres ont été tués. Les zones où se concentrent 70% de ses actes de piraterie sont toujours les mêmes, à savoir le large de la Corne de l’Afrique, le golfe de Guinée et l’Indonésie.

Ainsi, avec 9 navires capturés, 43 attaques et 144 otages au premier trimestre, les pirates somaliens demeurent les plus actifs, même si les actes dont ils sont responsables ont diminué de moitié (97 constatés au 1er trimestre 2011, dont 16 bateaux détournés).

Pour le BMI, cela est dû à la présence de forces navales internationales dans la région – opérations Atalante (UE) et Ocean Shield (Otan), par exemple – dont les actions dissuasives et préventives ont « perturbé de nombreux groupes de pirates ».

En outre, la décision de l’Union européenne d’autoriser les navires de la mission Atalante à réaliser des frappes terrestres contre des repaires de pirates est une « initiative bienvenue » pour le BMI, car cela « pourrait menacer davantage le mode d’action de la piraterie somalienne ».

Un autre élement avancé pour expliquer la baisse des attaques au large de la Corne de l’Afrique et dans l’océan Indien est la présence de gardes armées à bord de bâtiments pouvant éventuellement être pris pour cible. Aucun navire ayant fait appel à une société de sécurité privée pour assurer sa protection n’a ainsi été attaqué au cours du 1er trimestre 2012.

Cependant, si la piraterie recule en Somalie, elle tend à s’intensifier dans le golfe de Guinée. Au cours des trois premiers mois de 2012, 10 actes y ont été recensés, soit autant pour l’ensemble de l’année 2011. En cause : les pirates nigérians, qui semblent s’être inspirés des tactiques de leurs homologues somaliens en utilisant des « bateaux-mères » afin d’augmenter leur rayon d’action. Un vraquier a récemment été attaqué à plus de 110 miles des côtes. Et « la violence des actes augmentent dangereusement » souligne aussi le BMI.

Le Conseil de sécurité des Nations unies est d’ailleurs conscient de cette situation. Le 29 février dernier, il s’est dit « vivement préoccupé par la violence exercée par les pirates et les personnes impliquées dans les actes de piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée » et exhorté les États de la région « à élaborer une stratégie régionale de lutte contre la piraterie » et les a encouragés à créer « un mécanisme multinational et transrégional couvrant toute la région du golfe ».

Pour mémoire, la Marine nationale est présente dans ce secteur, via la mission de présence Corymbe, dans laquelle est actuellement engagé le BPC Tonnerre.

Enfin, une autre région où les actes de piraterie sont en forte hausse est l’Indonésie, où ils y ont pratiquement quadruplé au premier trimestre 2012, passant de 5 à 18.

Plus : « Piraterie dans le golfe de Guinée : quelles solutions? » par le capitaine de frégate Nicolas Rossignol, stagiaire de la 19e promotion de l’Ecole de guerre

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