L’Inde a testé avec succès un missile d’une portée de 5.000 km

Retardé pour cause de mauvaises conditions météorologiques, le tir d’essai du missile balistique indien à capacité nucléaire Agni V a finalement été réalisé avec succès, ce 19 avril, depuis une base située sur l’île de Wheeler, dans le golfe du Bengale, au large de l’Etat de l’Orissa.

La trajectoire de ce missile a été suivie par trois navires de la marine indienne ainsi que par des radars. Il a atteint le point de chute prévu, à 5.000 km de son point de lancement.

Bien que classé dans la catégorie des missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM, Intermediate Range Ballistic Missile) étant donné qu’il est en mesure de parcourir 5.000 km, l’Agni V permet à l’Inde de pouvoir éventuellement frapper des cibles situées en Europe orientale, an Afrique de l’Est, en Australie et, sans doute plus important quand l’on sait les différends qui opposent les deux pays, en Chine.

Avec ce missile, l’Inde est au seuil d’entrer dans le club des puissances dotées d’engins intercontinentaux (ICBM, intercontinental ballistic missile), lesquels affichent une portée supérieur à 6.400 km.

Il aura fallu trois ans d’efforts aux ingénieurs indiens pour développer l’Agni V. D’une masse de 50 tonnes, cet engin affiche une longuer de 17 mètres pour 2 mètres de diamètre. Il est en mesure d’emporter une charge utile de 1,1 tonnes. Conçu à 80% en Inde, son électronique embarquée est toutefois importée.

Pour V.K Saraswar, le directeur de la DRDO (Defence Research and Development Organisation, l’agence indienne de recherche en matière militaire), ce lancement est « un évènement historique qui honore (l’Inde) dans le domaine de la technologie des missiles ».

Jusqu’à présent, l’Inde a développé des missiles balistiques pouvant parcourir des distances de 2.500 km (Agni I et II) dans le cadre de sa rivalité avec le Pakistan, avec lequel elle est en conflit au sujet de la région du Cachemire. La conception d’engins ayant une portée plus longue répond à trois objectifs.

Le premier est de donner aux militaires indiens davantage de marge de manoeuve pour déployer leurs missiles étant donné qu’il pourront frapper de plus loin des objectifs potentiels situés au Pakistan. Le second vise à dissuader la Chine, qui dispose d’ICBM de type Dong Feng 31.

Enfin, le troisième but poursuivis a trait à la puissance militaire et au prestige de l’Inde, qui cherche à développer ce que l’on appelle une « triade » nucléaire, avec la mise au point du SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engins) Arihant et la création d’escadrons d’avions SU-30 dédiés à la force de frappe. Cependant, dans le même temps, l’armée indienne présente des carences, notamment au niveau de ses forces terrestres, qui ne sont pas correctement équipées.

Quant aux autorités chinoises, leurs réactions à l’annonce de cet essai réussi de l’Agni V ont été contrastées. Ainsi, le ministère chinois des Affaires étrangères s’est voulu mesuré en déclarant que la Chine et l’Inde devaient « travailler dur pour maintenir une coopération stratégique amicale ». « Nous ne sommes pas concurrents mais partenaires » a-t-il insisté.

La tonalité est singulièrement différente pour le Global Times, une publication qui apparitent au Quotidien du Peuple, émanation du Parti communiste chinois. « L’Inde ne doit pas surestimer sa force » a affirmé un éditorialiste.

« Dans un proche avenir, l’Inde n’a aucune chance de dépasser la Chine dans la course aux armements » a-t-il également ajouté, en soulignant que « l’Occident préfère ne pas prêter attention au mépris de New Delhi pour les traités concernant le nucléaire et les missiles », en faisant référence à la non réaction des Etats-Unis et des pays européens à l’annonce du tir indien.

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