Les insurgés afghans ont lancé leur offensive de printemps par une vague d’attaques simultanées

Alors que Salahuddin Rabbani venait d’être désigné pour remplacer son père, victime d’un attentat en septembre 2011, à la tête du Haut Conseil pour la paix, un organisme chargé d’oeuvrer pour la réconciliation avec le mouvement taleb, les insurgés afghans ont donné le coup d’envoi de leur offensive de printemps, le 15 avril, en lançant 6 attaques simultanées à Kaboul et dans trois autres capitales provinciales, à savoir Jalalabad, Gardez et Pul-e-Alam.

Quelques heures plus tôt, dans le secteur de Mahmoud-é-Râqi, le chef-lieu de la province de Kapisa (zone de responsabilité française), l’explosion d’un engin explosif improvisé (IED) avait tué 4 policiers afghans, dont le responsable de la police locale, le commandant Jan Agha Faizi.

A Kaboul, les insurgés ont tenté de rééditer l’action qu’ils avaient commises l’automne dernier et au cours de laquelle ils s’en étaient pris au quartier des ambassades ainsi qu’au quartier général de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).

Ainsi, un groupe d’insurgés afghans ont attaqué le Parlement afghan, où des députés se sont joints aux forces de sécurité pour repousser les assaillants dont certains portaient des gilets remplis d’explosifs. Ces derniers se sont par la suite replié s dans un immeuble adjacent.

Dans le même temps, depuis un bâtiment jouxtant le Kabul Star Hotel, à moins de 100 mètres du quartier sécurisé Wazir Akbar Kahn, où sont implantés les représentations diplomatiques ainsi que l’état-major de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), les insurgés ont attaqué plusieurs ambassades. Il aura fallu l’intervention d’hélicoptères de l’Otan (et l’on ignore si ceux du Bathelico français ont été de la partie) pour les délogerde cette position.

Toujours à Kaboul, précisément à la périphérie de la capitale afghane, le camp de Warehouse, où sont notamment déployés les militaires français du Bataillon Logisitique, a été la cible de tirs de mortiers qui ont contraint les soldats de l’ISAF à riposter.

Dans la province de Nangarhar (est du pays), les insurgés ont attaqué des installations de l’ISAF à Jalalabad. Des incidents ont également été signalés à Pul-e-Alam (province de Logar), où un bâtiment de ministère afghan de l’Education a été pris pour cible, et à Gardez (province de Paktia), où des échanges de coup de feu se sont produits entre les forces de sécurité et des rebelles retranchés dans un bâtiment.

Au total, et au bout de 17 heures de combat, le bilan de ces attaques coordonnées ont fait 47 morts, dont 36 insurgés, 8 membres des forces de sécurité afghanes, lesquelles comptent également une quarantaine de blessés dans leurs rangs, et 3 civils.

« Le gouvernement de Kaboul et les forces d’invasion avaient dit il y a quelques temps que les talibans seraient incapables de lancer l’offensive du printemps, or les attaques d’aujourd’hui marquent le début de l’offensive du printemps », a déclaré un porte-parole des rebelles Zabihullah Mujahid, qui a revendiqué cette offensive en assurant que « de nombreux kamikazes y avaient pris part ».

L’insurrection a ainsi lancé une pierre dans le jardin de l’ISAF, dont le porte-parole, le général allemand Carsten Jacobson, avait récemment déclaré que « les taliban ne donnaient pas, cette année, l’impression de planifier des offensives de grande envergure. »

Avec ces attaques spectaculaires dont le bilan est clairement en leur défaveur, les insurgés ont atteint un objectif médiatique, en laissant entendre qu’ils peuvent frapper Kaboul quand bon leur semble. D’ailleurs, Zabihullah Mujahid a déclaré, selon Reuters, que les rebelles n’avaient eu « aucune peine à pénétrer dans la capitale et qu’ils bénéficiaient de complicités à l’intérieur de la ville pour transporter des armes lourdes ».

Quant au commanditaire de ces attaques, les soupçons se portent sur le réseau Haqqani, déjà soupçonné d’avoir été à l’origine de l’assaut mené à Kaboul en septembre 2011. D’ailleurs, selon les services de renseignements afghans, cités par le Washington Post, deux kamikazes interpellés avant de passer à l’action ont indiqué appartenir à ce groupe jihadiste, implanté dans le Nord-Waziristan, au Pakistan.

Du côté de l’ISAF, l’on cherche surtout à mettre en avant le rôle joué par les forces de sécurité afghanes dans la gestion de la crise, et cela, alors que la force sous commandement de l’Otan va plier bagages d’ici la fin 2014.

« Nous avons assisté à une réaction très professionnelle de la part des forces de sécurité (afghanes) », a, pour sa part, estimé Ryan Crocker, l’ambassadeur américain en Afghanistan. « Elles (les forces de sécurité) ont été capables de gérer de tels événements toutes seules. Il s’agit d’un signe clair de progrès » a-t-il ajouté, à l’antenne de CNN.

« Ces attaques montrent cependant pourquoi nous avons besoin d’être sur place », a-t-il toutefois admis. « Partir avant que les Afghans aient pris pleinement en main la sécurité, ce qui nécessite plusieurs années, serait comme une invitation aux talibans et à Al-Qaïda à revenir et cela ouvrirait la porte à un nouveau 11-Septembre… Cela, je pense, est un risque inacceptable » a encore affirmé le diplomate.

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