La fusée nord-coréenne a fait pschit

Depuis trois semaines, il a été beaucoup question de la fusée que le Corée du Nord comptait lancer pour mettre en orbite un satellite d’observation, alors même que les sanctions internationales (résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité des Nations unies) lui interdisent d’avoir des activités dans ce domaine, la technologie employée pour une telle opération étant la même que celle des missiles balistiques.

Et l’on s’est beaucoup inquiété, à juste titre d’ailleurs, en Asie, notamment en Corée du Sud et au Japon, où la défense antimissile, reposant sur des destroyers Aegis et des batteries antimissiles Patriot Advanced Capability (PAC-3) ont été déployés, par crainte de voir la fusée nord-coréenne prendre une autre trajectoire que celle annoncée. Même la Chine, pourtant fidèle alliée du régime de Pyongyang a montré des signes d’agacement tout en appelant à la retenue. Quant aux Etats-Unis, ils ont fait savoir qu’ils suivraient cette affaire de très près.

Mais toutes les protestations et autres mises en garde n’ont pas fait varier d’un pouce les dirigeants nord-coréens, pour qui la mise sur orbite du satellite Kwangmyongsong-3 devait être l’apogée des célébrations du centenaire de la naissance de Kim Il-Sung, le fondateur du régime communiste.

Seulement, jamais la Corée du Nord n’a réussi à lancer un satellite, ces deux précédentes tentatives, réalisées en 1998 et en 2009, ayant échoué. Et comme le dit le dicton, « jamais deux sans trois »…

Et ce dernier s’est une nouvelle fois vérifié. En effet, si la fusée nord-coréenne a bien décollé ce 12 avril, à 22H38 GMT, depuis la base de Tongchang-ri, elle ne sera pas allée bien loin car elle a explosé à plusieurs dizaines de kilomètres au sud du site de son lancement, à 70,5 km d’altitude.

La marine sud-coréenne a envoyé plusieurs navires dans la zone où s’est abîmée la fusée afin d’en récupérer les débris. D’autres bâtiments, américains, russes et chinois, naviguent également dans le secteur.

Selon le Commandement de la défense aérienne nord-américain (NORAD), qui n’a pas manqué le spectacle, la fusée en question aurait été en fait une missile longue portée de type Taepodong-2. Ce qui a fait dire à un haut-responsable de l’armée sud-coréenne que ce tir dissimulait en réalité un essai d’un engin balistique.

Quoi qu’il en soit, ce lancement nord-coréen a été considéré par le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud comme étant une nouvelle provocation. De son côté, la Russie a indiqué s’opposer à toute nouvelle sanction internationale visant Pyongyang. Et la Chine a une nouvelle fois appelé à la retenue. Et une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies doit se tenir en urgence, ce 12 avril, afin de « décider des prochaines étapes » à envisager pour la Corée du Nord.

Il reste maintenant à voir la réaction du régime de Pyongyang face à ce fiasco, qui lui a valu, tout de même, la suspension d’un accord passé avec les Etats-Unis qui prévoyait l’arrêt de ses activités nucléaires et balistiques en échange de 240.000 tonnes d’aide alimentaire.

En 2009, dans une situation quasi similaire, la Corée du Nord avait procédé à son deuxième essai nucléaire. Et un troisième est redouté depuis maintenant plusieurs mois par Séoul. Et il se pourrait qu’il ait lieu dans les prochaines semaines, afin de permettre aux dirigeants nord-coréens d’effacer l’échec cuisant de leur fusée.

En attendant, et selon le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Kwan-jin, « les forces armées de Corée du Nord ont été placées en vigilance accrue ». Mais l’on ignore si cette mise en alerte a été faite avant ou après le lancement de la fusée.

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