Syrie : La Turquie envisage d’invoquer l’article 5 de l’Otan pour protéger ses frontières

Malgré l’engagement de moyens militaires importants et une répression aussi brutale que meurtrière, le régime de Bachar el-Assad n’arrive pas à venir à bout de l’insurrection qui a éclaté depuis maintenant plus d’un an en Syrie. Et ce conflit interne déborde même du pays, des incidents ayant été signalés au Liban et en Turquie, où des tirs attribués à l’armée syrienne ont visé, le 10 avril, un camp de réfugiés établi en territoire turc.

Pour le moment, l’on attend de voir si Damas va respecter le plan de paix proposé par l’émissaire des Nations unies, Kofi Annan. Jusqu’à un cessez-le-feu prévu poiur entrer en vigueur ce 12 avril par ce dernier, le régime syrien a poursuivi ses opérations militaires avant d’annoncer leur fin. « Après que nos forces armées ont mené à bien leur mission de combattre les actions criminelles des groupes terroristes et d’affirmer le contrôle de l’Etat, elles décident de mettre fin à cette mission à partir de jeudi matin » a ainsi indiqué un responsable du ministère de la Défense. Seulement, les combats pourraient reprendre en cas « d’agression de groupes terroristes armés (ndlr, les rebelles) ».

Quoi qu’il en soit, la Turquie, pays membre de l’Otan qui est en pointe dans ce dossier dans la mesure où il accueille sur son sol des réfugiés syriens, a indiqué envisager, afin de protéger la frontière qu’elle partage avec la Syrie, d’invoquer l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord.

Ce dernier stipule : « Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord. »

Cet article 5, qui oblige les pays membres de l’Alliance atlantique à prendre des mesures au cas si l’un des leurs est attaqué, a été évoqué par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, devant la presse. « Confrontée à une situation (où les violations continueraient), la Turquie prendrait une telle décision » a-t-il affirmé au sujet de cette option.

« Nous prenons notre responsabilité de protéger les alliés de l’Otan très au sérieux » a de son côté répondu l’Alliance atlantique, par la voix de Carmen Romero, sa porte-parole. « Nous suivons la situation de très près et nous continuerons de le faire » a-t-elle ajouté.

Toutefois, l’on n’en est pas encore à imaginer une éventuelle action de l’Otan à la frontière turco-syrienne. Le chef de la diplomatie, Ahmet Davutoglu, a tempéré les propos tenus par M. Erdogan. « La frontière turque est une frontière de l’Otan. La protection de cette frontière concerne tous les alliés de l’Otan » a-t-il dit. « Ce n’est pas d’actualité, aujourd’hui l’actualité, c’est le cessez-le-feu » en Syrie conformément au plan de l’émissaire international Kofi Annan » a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]