Le trafiquant d’armes Viktor Bout condamné à 25 ans de prison

Quand l’URSS s’effondre, en 1991, Viktor Bout est alors un officier de l’armée Rouge. Né en 1967 au Tadjikistan, ce parfait polyglotte – il maîtrise au moins 8 langues – se reconvertit dans le trafic d’armes.

Pour cela, il recrute d’anciens pilotes des forces aériennes soviétiques qu’il met aux commandes d’avions cargo avec lesquels il va livrer du matériel militaire qu’il s’est procuré en profitant du chaos qui règne alors dans l’ancienne URSS.

C’est ainsi qu’il va fournir des armes à bas prix à bon nombre d’acteurs impliqués dans des conflits en Afrique et en Asie, que ce soit des gouvernements ou des guérillas, parfois même deux camps opposés comme en Angola, violant parfois les embargos imposés à des pays en guerre. Et tout cela sans être regardant sur les motivations idélogiques des uns et des autres.

Dans le même temps, Viktor Bout assure ses arrières. Du moins le croit-il. En effet, il met ainsi ses avions-cargo à la disposition de l’ONU pour le transport d’hommes et de matériels, comme en Somalie, lors de l’opération Restore Hope de 1993, ou encore au Rwanda, où il aurait permis d’acheminer 2.500 militaires français de la mission Turquoise. Il a même fourni des prestations à des ONG intervenant en Irak et en Afghanistan, ainsi qu’à des sociétés militaires privées (KBR notamment).

Qualifié de « marchand de la mort » ou encore de « pionnier d’une mondialisation mafieuse » et ayant inspiré le personnage de Nicolas Cage dans le film « Lord of War », Viktor Bout se rend en Thaïlande, en mars 2008, afin de négocier la livraison d’une centaine missiles sol-air et 5000 kalchanivov pour 20 millions de dollars à la guérilla d’inspiration marxiste des FARC, active en Colombie.

Seulement, les hommes avec qui il doit traiter ne sont pas ce qu’ils prétendent être. Ce sont en fait des agents américains de la Drug enforcement administration (DEA). Tombé dans le panneau, Viktor Bout est arrêté par la police thaïlandaise. Au bout de deux ans de batailles judiciaires, il est ensuite extradé vers les Etats-Unis, où l’attend un procès. Dans le même temps, la Russie fait tout, sur le plan diplomatique, pour obtenir sa libération

En novembre 2011, un tribunal de New York l’a jugé coupable de tous les faits qui lui sont reprochés. Restait ensuite à fixer sa peine. Et c’est ce qui vient d’être fait le 5 avril dernier. Ainsi, et bien que la réclusion à perpétuité ait été requise, Viktor Bout a finalement été condamné à une peine de 25 ans de prison.

Ainsi, Viktor Bout s’en est plutôt bien tiré. En fait, le verdict, relativement clément, prend surtout en compte l’ensemble de l’oeuvre du trafiquant d’armes. Il était difficile pour la juge Scheidlin de le condamner pour avoir eu des liens avec les FARC étant donné qu’il a traité avec des agents américains qui s’étaient fait passer pour des représentants de ce mouvement terroriste.

En effet, la magistrate a estimé que Viktor Bout avait « saisi une opportunité qui s’était présentée à lui pour faire de l’argent » et qu’il « ne l’avait pas cherchée ». « Il n’y a aucune preuve qu’il cherchait à s’engager activement dans une organisation terroriste », a-t-elle ajouté, tout en soulignant, toutefois qu’il avait vendu, par le passé, des armes « aux régimes les plus cruels et les plus violents du monde ».

Pour autant, l’affaire n’est pas encore terminée. Déjà, la famille de Viktor Bout entend faire appel. Et Moscou n’entend pas en rester là, estimant que ce verdict est « infondé et biaisé » et qu’il répond à une « commande politique ».

« Le ministère russe des Affaires étrangères fera tous les efforts nécessaires pour obtenir le retour de Viktor Bout dans sa patrie » a fait savoir la diplomatie russe. Malgré la fragilité des preuves, le caractère illégal de son arrestation en Thaïlande par des agents des services spéciaux américains et de l’extradition qui a suivi, la justice américaine a ignoré les arguments des avocats et les appels lancés à tous les niveaux » a-t-elle poursuivi. « Ce dossier restera sans aucun doute parmi les priorités de l’agenda russo-américain » a-t-elle conclu.

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