Une intervention militaire de la Cédéao pour stabiliser le Mali s’annonce compliquée
Après une offensive éclair menée par la rébellion touareg incarnée par le Mouvement national de libération de l’Azawad, le nord du Mali n’est plus contrôlé par Bamako. Et le territoire a fait l’objet d’une demande visant à reconnaître à son indépendance.
Cependant, le MNLA, qui a atteint ses obejctifs militaires, doit composer avec ceux qui lui ont donné un coup de main pendant la phase de conquête, à savoir le groupe jihadiste Ansar Dine et des éléments d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Et ces derniers – qui contrôlent déjà Tombouctou – ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’ils sont déterminés à continuer le combat jusqu’à Bamako afin de faire du Mali une République islamique dans laquelle s’appliquerait la charia.
Ce pays, pays théâtre d’un coup d’Etat militaire qui n’a pas arrangé, loin de là, sa situation, risque donc d’être aux prises avec une insurrection islamiste qui sera d’autant plus difficile à contrer que l’armée malienne n’est pas en mesure de mener une contre-offensive.
D’où la question d’une éventuelle intervention militaire extérieure. La France a d’ores et déjà exclu engager directement ses forces armées dans ce conflit et évoqué un éventuel soutien logistique. Les Etats-Unis semblent être sur la même position. Reste donc la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui paraît être la seule organisation à pouvoir déployer des troupes – celles de l’Ecomog – au Mali.
Le 2 avril, à l’issue d’un sommet qui s’est tenu à Dakar, le président ivoirien, Alassane Ouattara, qui est également à la tête de la Cédéao, a d’ailleurs annoncé la « mise en place immédiate de la force d’attente » (2 à 3.000 hommes). Puis, trois jours plus tard, le comité des chefs d’état-major des pays membres s’est réuni en Côte d’Ivoire, avec la présence d’officiers français et américains, pour étudier les modalités d’une éventuelle intervention au Mali.
Le ministre ivoirien délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi a ainsi demandé « d’imaginer les voies et les moyens, en complément des actions diplomatiques et politique » pour « aider à sécuriser le retour à la légalité constitutionnelle » et « stopper l’avancée de la rébellion » au Mali. Il s’est donc agi de concevoir « un plan d’action opérationnel de la force d’attente de la Cédéao, assorti d’un calendrier et d’un budget pour les actions concrètes qui seront menées », ce qui suppose qu’il faut « préciser les effectifs à déployer », leur « répartition par pays », la « taille des unités à composer, les moyens logistiques à mobiliser et les délais d’une telle campagne ».
Et là n’est pas le plus facile… Ainsi, par exemple, l’armée nigériane, qui passe pour être la plus puissante de la Cédéao, est déjà sollicitée sur son propre territoire contre la secte Boko Haram, proche d’al-Qaïda, et les activistes du MEND. Qui plus est, elle souffre déjà de lacunes capacitaires. A cela s’ajoute la nature du terrain sur lequel la force panafricaine aura à intervenir, l’Azawad étant aussi grand que la France et la Belgique réunies…
Autre difficulté : celle consistant à définir précisément le mandat de cette force de la Cédéao. Son rôle devrait-il être d’empêcher les jihadistes de marcher vers Bamako? De combattre le MNLA pour que l’intégrité territoriale du Mali soit préservée?
Qui plus est, le cadre légale d’une telle intervention reste à préciser. Jusqu’à présent, les « casques blancs » (c’est ainsi que l’on désigne les soldats de la Cédéao), ne sont intervenus au Liberia et en Sierra Leone uniquement à la demande de ces Etats adressée à l’organisation panafricaine. Là, le Mali en a été exclu suite au coup d’Etat qui a renversé le président Touré. L’approbation des Nations unies pourraient donc être nécessaire.
Par ailleurs, l’Algérie, dont 7 ressortissants alors présents à Gao sont retenus en otage par des jihadistes présumés, regarde la situation de très près. Une réunion du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), qui regroupe plusieurs Etats du Sahel (Mali, Algérie, Mauritanie, Niger), devrait avoir lieu « dans les prochains jours » à Nouakchott, selon Ahmed Ouyahia, le Premier ministre algérien.