Un rapport du Conseil de l’Europe pointe l’inaction de Otan pour sauver des naufragés en Méditerranée

Le 10 avril 2011, une embarcation venait s’échouer dans les environs de Misrata, en Libye, avec 11 survivants à bord. Parti de Tripoli quelques jours plus tôt avec 72 personnes voulant gagner les côtes européennes pour fuir le régime du colonel Kadhafi, ce bateau, alors en grande difficulté, aurait, aux dires des rescapés, croisé la route de navires de l’Otan engagés dans l’opération Unified Protector, sans recevoir le moindre secours, si ce n’est des bouteilles d’eau et des paquets de biscuits largués par un hélicoptère.

Le Conseil de l’Europe s’est donc penché sur cette affaire et, après 9 mois d’enquête, Tineke Strik, une élue néerlandaise (Vert) vient de rendre, au nom de l’Assemblée parlementaire de cette institution (APCE), un rapport intitulé « Vies perdues en Méditerranée, qui est responsable? » et dont le quotidien britannique The Guardian s’est fait l’écho.

Ainsi, Tineke Strik s’est attachée à établir la chronologie des faits. L’avarie de l’embarcation des migrants a eu lieu 18 heures après son départ de Tripoli, soit à une centaine de kilomètres côtes libyennes. Via un téléphone satellite, les réfugiés ont alors contacté un prêtre catholique responsable de l’association Habeshia, basée à Rome. Ce dernier a ensuite prévenu les garde-côtes italiens. Et, selon la procédure, un centre de coordination des secours (MRCC) de la Péninsule a relayé l’alerte.

A partir de ce moment, et conformément au droit maritime international, les navires ayant reçu cette dernière auraient dû se porter au secours de l’embarcation en difficulté. Selon Tinele Strik, une frégate espagnole, le Mendez Nunez, alors sous commandement de l’Otan, se trouvait être le bâtiment le plus proche de la position des naufragés. De même qu’un patrouilleur italien, le Commandant Borsini, qui n’était alors pas engagé dans l’opération Unified Protector, ainsi que des bateaux de pêche.

Selon The Guardian, l’Otan a indiqué avoir reçu un avis général du MRCC de Rome concernant un petit bateau « sans doute » en difficulté, assorti d’une demande d’information dans le cas où il aurait été repéré. « Il n’y a aucun enregistrement montrant qu’un aéronef ou un navire sous commandement de l’Otan ait vu ou soit entré en contact avec le bateau des migrants » a de plus précisé l’organisation au quotidien britannique.

Seulement, d’après Madrid, la frégate Mendez Nunez n’aurait pas reçu le moindre message. « Les autorités espagnoles réaffirment que tous les navires espagnols sont conscients de leurs obligations en vertu des lois de la mer, y compris celles relatives à l’assistance aux personnes ou de navires en difficulté » a de plus fait valoir le ministère de la Défense. Et d’ajouter que « lors de l’opération Unified Protector, la frégate Mendez Nunez a activement aidé de nombreux bateaux ».

Reste que l’hélicoptère qui aurait survolé les migrants, d’après les survivants, n’a pas pu être identifié. De même que l’imposant navire qui aurait croisé leur route à leur dixième jour de mer.

L’an passé, le même Guardian laissait entendre qu’il s’agissait du porte-avions Charles de Gaulle. Sauf que l’embarcation en détresse n’aurait pas pu approcher à moins de 300 mètres du bâtiment français sans être repéré par les frégates du groupe aéronaval, lequel évoluait, de toute façon, dans le golfe de Syrte, donc loin de la position des naufragés.

Idem pour l’autre porte-aéronefs italien Garibaldi, également engagé dans les opérations en Libye, ce navire se trouvant alors à 100 milles nautiques de l’embarcation en difficulté.

Cela étant, ce rapport du Conseil de l’Europe souligne que, l’an passé, plus de 1.500 migrants sont morts noyés en tentant de traverser la Méditerranée, alors même que « cette mer est l’une des plus fréquentées et des mieux surveillées au monde ».

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