La Corée du Nord se prépare à lancer une fusée, le Japon met en alerte ses systèmes anti-missiles

Une fois de plus, la Corée du Nord adopte une attitude compliquée à décrypter. Il y a quelques jours, Pyongyang a en effet accepté de suspendre son programme nucléaire ainsi que ses activités dans le domaine des missiles balistiques en échange de 240.000 tonnes d’aide alimentaire fournie par les Etats-Unis.

Seulement, Pyongyang a annoncé, le 16 mars dernier, son intention de lancer, entre les 12 et 16 avril, et depuis la base de Sohae, dans le nord-ouest du pays, le satellite Kwangmyongsong-3. Il s’agit ainsi de marquer le centième anniversaire de la naissance de Kim Il-Sung, le fondateur du régime nord-coréen.

« Ces satellites sont nécessaires au développement économique du pays et entrent dans le cadre des activités pacifiques dans l’espace » a fait valoir l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

Or, les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité des Nations unies interdisent à la Corée du Nord de « mener des activités liées à des missiles balistiques ». Ce qui sera manifestement le cas avec le lancement de la fusée Unha-3, qui n’est en fait qu’un missile longue portée de type Taeopodong modifié.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est dit « très inquiet » au sujet du projet nord-coréen et a appelé Pyongyang à revenir sur sa décision. Pour les Etats-Unis, ce lancement « créerait à l’évidence des tensions et cela compliquerait nettement la mise en oeuvre d’un accord dans le domaine alimentaire ».

Quant à la Corée du Sud, qui est en première ligne, ce lancement serait « un acte grave et provocateur ». Et Séoul y voit un essai déguisé d’un missile balistique.

Même chose pour le Japon, qui a en mémoire le survol de son territoire, en 1998, d’une engin nord-coréen. « Qu’il s’agisse ou non d’un lancement de satellite ou d’un tir de missile balistique, c’est une violation des résolutions du Conseil de sécurité » a fait valoir Tokyo.

Du coup, le gouvernement nippon a ordonné « de préparer le déploiement des systèmes PAC-3 et de navires de guerre équipés d’Aegis », c’est à dire de mettre en alerte la défense antimissile de l’Archipel. Cette dernière aura pour mission de détruire la fusée nord-coréenne dans le cas où elle présenterait une menace contre l’intégrité du territoire japonais.

Selon le quotidien Sankei Shimbun, il serait question de déployer deux destroyers dotés du système de combat Aegis et de missiles intercepteurs SM-3 près d’Okinawa, où des batteries antimissiles Patriot Advanced Capability (PAC-3) seraient aussi mises en alerte, et un autre entre la péninsule coréenne et le territoire nippon, en mer du Japon.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la première fois que Pyongyang fait le coup. En avril 2009, et avançant les mêmes arguments, la Corée du Nord avait procédé au tir d’une fusée pour, officiellement, mettre un satellite en orbite. Mais cette tentative s’était soldée par un bide : le vecteur n’avait parcouru que 3.200 kilomètres (une distance suffisante, cela étant, pour atteindre la base américaine de Guam), alors que, selon les experts, sa portée théorique était de 6.700 kilomètres. Mise en alerte, la défense antimissile japonaise n’avait pas eu à intervenir.

Le mois suivant, et alors qu’elle était sous le feu des critiques, la Corée du Nord procéda à un nouvel essai nucléaire souterrain. En sera-t-il de même cette fois-ci? Avec le régime de Pyongyang, l’on doit s’attendre à tout.

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