Selon Karzaï, l’Otan versera 4,1 milliards de dollars par an au profit des forces de sécurité afghanes

Rien ne sera décidé avant la tenue du prochain sommet de l’Alliance atlantique, à Chicago, en mai prochain. Pourtant, le président afghan, Hamid Karzaï, est d’ores e déjà certain que Kaboul recevra de la part de l’Otan une confortable enveloppe pour financer ses forces de sécurité.

« Il est acquis qu’après 2014 (ndlr, date du retrait de l’Otan) et pour les dix prochaines années, jusqu’en 2024, la communauté internationale menée par les Etats-Unis, l’Europe et d’autres pays, payera 4,1 milliards de dollars (3 milliards d’euros) par an pour notre armée et les autres forces armées » a-t-il déclaré, le 22 mars, au cours d’une cérémonie militaire. « Nous l’acceptons et nous les en remercions » a-t-il ajouté.

Actuellement, l’armée et la police afghanes, fortes, au total, de 352.000 hommes, coûtent 6 milliards de dollars. De facto, les 4,1 milliards évoqués par le président Karzaï permettront de financer 228.000 postes.

Cela étant, ce n’est qu’une estimation et, selon un responsable occidental cité par l’AFP, environ 500 millions de dollars devront sortir des caisses du gouvernement afghan. D’autre part, certains pays de la coalition déployée actuellement en Afghanistan ne sont pas d’accord pour financer une telle aide, d’autant plus que le président Karzaï entend bien en disposer comme bon lui semble.

« Si les Etats-Unis et l’Otan nous donnent cet argent, accepteront-ils que nous achetions des avions à d’autres pays? Et si par exemple nous achetons des avions d’Inde, de Russie, d’Iran, du Pakistan ou d’Ukraine, nos salaires continueront-ils à être versés par l’Otan » s’est-il demandé, en évoquant le besoin de son pays d’équiper ses forces aériennes.

Seulement, couper tout financement aux forces de sécurité afghanes aurait pour conséquence leur disparition. Et la diminution de leur format, imposée par le montant de l’enveloppe de 4,1 milliards de dollars par an évoquée par Hamid Karzaï, serait tout aussi risqué.

« Personne actuellement, sur la foi de quelque analyse que ce soit, ne peut prévoir quelle sera la situation de la sécurité en 2014 », a estimé, le mois dernier, le général Abdul Rahim Wardak, le ministre afghan de la Défense. « La réduction doit prendre en compte la réalité sur le terrain », a-t-il ajouté. « Autrement ce sera un désastre, une catastrophe qui mettra en danger tout ce que nous avons accompli ensemble avec tant de sacrifices en hommes et en moyens », a-t-il prévenu.

Qui plus est, le retour à la vie civile de 124.000 militaires et policiers afghans, formés par l’Otan, pourrait gonfler les effectifs des insurgés afghans, pour peu qu’ils proposent des « soldes » attrayantes.

Un autre problème qui va se poser dans les prochaines semaines est le manque d’effectifs de la coalition. Le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), le général John Allen, devra faire des choix en composant avec les troupes qui vont lui rester au gré des retraits annoncés.

Ainsi, l’ISAF ne pourra pas, dans le même temps, maintenir une présence suffisante dans le sud de l’Afghanistan, relativement stable après les offensives qui y ont été menées en 2010, et lutter contre l’insurrection dans l’est du pays, là où, actuellement, elle est la plus active. A moins que les forces afghanes soient assez efficaces et surtout fiables. Ce qui est loin d’être gagné.

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