Bercy est réticent à l’idée de notifier un contrat visant à remplacer les postes radios de l’armée

Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, aurait dû prendre une décision à l’occasion d’un Comité ministériel d’investissement prévu le 20 mars dernier. Mais en raison des évènements liés aux meurtres de Montauban et de Toulouse, ce dernier a été repoussé à une date ultérieure.

Quelle est cette décision? Il s’agit de notifier – ou non – la première tranche d’un contrat d’une valeur d’un milliard d’euros au groupe Thales afin de renouveler les 33.000 postes radio PRG4 qui équipement actuellement l’armée française par des équipements développés dans le cadre du programme CONTACT (Communications numérisées tactiques et de théâtre).

Ce projet a fait l’objet, en décembre 2006, d’un contrat « Deport », qui, confié par la Délégation générale à l’armement (DGA) à Thales, couvre les études concernant la mise au point de ce nouveau système de radiocommunications, basées sur les travaux du programme européen ESSOR (European Secure Software Defined Radio), mené conjointement par la France, l’Italie, l’Espagne, la Pologne, la Suède et la Finlande.

Le système CONTACT, qui bénéficie donc des dernières avancées technologiques en matière de « radio-logicielle », doit offrir « une plus grande souplesse dans la gestion de l’interopérabilité, tant interarmées qu’interalliée, en permettant le chargement de différentes formes d’ondes sur un même poste de radio » ainsi que des « services haut débit étendus et normalisés au profit de tous les acteurs déployés en coalition sur les théâtres d’opérations ».

Inscrit dans la Loi de finances, le contrat en question doit donc encore être notifié à Thales par le ministre. Sauf que, selon le quotidien Les Echos (édition du 20 mars), Bercy s’y oppose, au nom de la lutte contre les déficits publics, mais aussi et surtout parce que la France est en période électorale. « Il n’est pas raisonnable d’engager autant d’argent si près du premier tour de la présidentielle estime-t-on au ministère des Finances » écrit le journal économique.

Et pour Bercy, il n’y a pas urgence étant donné que les premiers équipements seraient attendus en 2020. Mais le ministère de la Défense est d’un autre avis, estimant que trop de retard a été pris en matière de numérisation des équipements terrestres. En cas de désaccord persistant avec le ministère des Finances, il reviendra au Premier ministre de trancher.

Au total, la valeur de ce contrat est de 4 milliards d’euros. La première tranche qui doit faire l’objet d’une décision se compose de 250 millions en frais de développement, auxquels Thales serait prêt à en financer une partie, et de 750 millions pour les premiers milliers postes du système CONTACT.

Par ailleurs, et c’était passé inaperçu jusqu’à ce qu’il en soit fait mention par Les Echos, le projet de céder les satellites de télécommunication Syracuse, appartenant au ministère de la Défense, à des prestataires privés pour ensuite les louer a été quasiment abandonné. L’annonce a été faite par Gérard Longuet, à l’occasion d’un discours récemment prononcé à Toulouse. Il s’est avéré que l’appel d’offres lancé pour cette opération n’a pas été à la hauteur des espérances. L’Hôtel de Brienne en attendait 400 millions de recettes exceptionnelles.

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