Fusillade de Montauban : Aucune piste n’est écartée

Quelques heures après la fusillade au cours de laquelle deux militaires ont été tués et un troisième gravement blessé, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, s’est rendu à Montauban afin de rencontrer les hommes du 17ème Régiment du Génie Parachutiste (RGP), unité à laquelle appartenaient les victimes.

Ces dernières sont le 1ère classe Mohamed Legouad et le caporal Abel Chenoulf. Quant au le caporal Loïc Lieber, le troisième militaire visé, il a été opéré à l’hôpital de Montauban, où la balle qu’il a reçue a pu être extraite. Il a ensuite été transféré au CHU de Rangueill, à Toulouse, sous escorte policière. Son pronostic vital reste engagé.

Ces meurtres de militaire en tenue et dans l’espace public sont les premiers depuis l’assassinat, par le groupe d’extrême gauche Action Directe, de l’ingénieur général de l’armement René Audran, en 1985.

« Ce genre d’exécution fait penser à la pire époque des attentats basques. Il y a une volonté de tuer à tout prix qui fait froid dans le dos, un acte de barbarie, un acte gratuit. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut imaginer de la part d’un petit voyou de banlieue. Montauban, comme toute la France, est sous le choc. On est à court d’explication. C’était des garçons sans histoire. Ils auraient pu être mes enfants. La compagne de l’un d’eux est enceinte de sept mois », a déclaré Mme le maire de Montauban, Brigitte Barèges, citée par la Dépêche.

D’où l’hypotèse d’un acte terroriste… Interrogé à ce sujet, le ministre a répondu que « toutes les pistes doivent être examinées ». Et d’ajouter : « les motifs peuvent être de nature extrêmement différente, depuis la démarche individuelle jusqu’à quelque chose de collectif et de conçu, nous n’en savons rien. »

Quant à savoir si c’est l’armée française qui a été visée, Gérard Longuet a déclaré « profondément, je ne le pense pas, je ne le souhaite pas ». « Mais à cet instant, rien de permet d’écarter telle ou telle hypothèse » a-t-il affirmé, tout en estimant qu’il n’est « pas forcément nécessaire que les soldats français prennent des mesures pour se protéger ». « Le militaire en France est connu, reconnu et apprécié, tout le monde peut être visé par un fou » a poursuivi le ministre. « Les militaires sont chez eux en France et ils n’ont pas de raison de raser les murs » a-t-il insisté.

En attendant, l’enquête a été confiée au SRPJ de Toulouse et la sous-direction anti-terroriste (SDAT) et la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) ont été alertées.

« Apparemment le tireur les attendait. Il y a eu deux séries de tirs, une de loin au cours de laquelle les deux premiers militaires sont tombés et une deuxième de près pour la personne blessée », a affirmé, à l’agence Reuters, un des membres du cabinet du maire de Montauban.

Et selon les premiers éléments recueillis, l’auteur des coups de feu portait un casque noir et serait de petite taille. Après avoir tiré sur les militaires, il s’est enfui sur un scooter Yamaha T-Max de grosse cylindrée. La quinzaine d’étuis retrouvés sur le lieu de la fusillade proviendraient d’un Colt .45, arme qui utilise des cartouches de calibre 11,43.

D’ailleurs, l’étude de ces derniers permettra de confirmer ou non un éventuel lien avec le meurtre, à Toulouse, le 11 mars, d’un sous-officier du 1er Régiment du Train Parachutiste (RTP), le maréchal des logis-chef Imad Ibn-Ziaten. Le militaire attendait près d’un centre sportif un acheteur potentiel pour sa moto quand il a été froidement abattu par un homme se déplaçant également en scooter. Comme à Montauban, l’arme utilisée tirait des cartouches de calibre 11.43.

« Il y a des ressemblances troublantes entre les deux affaires », a estimé Michel Valet, le procureur de Toulouse. A la différence près que le sous-officier assassiné à Toulouse était en civil.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]