François Hollande : « la défense contribuera dans les mêmes proportions que les autres missions de l’Etat »

Le candidat socialiste à l’élection présidentielle, François Hollande, a prononcé ce qui devait être un « grand » discours concernant la politique de défense, ce 11 mars, à Paris. Le député corrézien n’a fait que reprendre ce qu’il avait déjà déclaré en d’autres occasions, tout en annonçant une série d’évaluations et de réflexions à mener en cas de victoire le 6 mai prochain.

Ainsi, François Hollande maintiendrait les deux composantes de la dissuasion nucléaire (océanique et aéroportée). Selon lui, la force stratégique française reste « l’assurance vie de la nation » et elle permet de défendre les intérêts vitaux du pays et de sanctuariser le territoire. Quant à la défense antimissile, il ne semble guère convaincu à sa nécessité. Autre élément déjà connu : le retrait de la France d’Afghanistan d’ici la fin de l’année s’il est élu. Sur ce point, l’on sait déjà que ce sera un engagement extrêmement difficile à tenir.

Le candidat socialiste a également confirmé son intention de produire un nouveau Livre blanc sur la défense, alors qu’un processus visant à revoir celui publié en 2008 est actuellement en cours. Ce nouveau document devra déterminer aussi précisément que possible les menaces, afin de « dimensionner nos équipements ».

Pour le reste, il a été beaucoup question d’évaluer la politique menée par le président Sarkozy au cours des 5 dernières années. Sont notamment concernés le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’Intérieur, le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’Otan, dont les contreparties ont été jugées insuffisantes par le candidat Hollande (malgré qu’un général français soit à la tête d’un des deux principaux commandements de l’organisation…) ou encore la réforme du ministère de la Défense, qui a été, d’après lui, « mal pilotée » et « sans cohérence ». Toutefois, il a réservé une petite surprise en annonçant son intention de renforcer et d’augmenter les effectifs de la DGA (Délégation générale de l’armement).

Pour ce qui concerne l’Europe de la défense, François Hollande estime qu’elle « doit prendre une nouvelle dimension », ce qui passe par « l’approfondissement » de la relation franco-britannique, laquelle a pris de l’ampleur avec les accords de Lancaster House signés en novembre 2010, mais aussi par une relance de la coopération franco-allemande et la recherche de « convergences » avec les Etats européens qui le souhaitent, dont la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la Pologne.

Pour le candidat socialiste, il faut « explorer toutes les pistes permettant une rationalisation des appareils militaires des pays membres de l’Union : mutualisation des moyens nationaux existants, programmation collective des équipements futurs, spécialisation des taches, renforcement des capacités communes ».

Quant aux moyens alloués aux forces armées, François Hollande a fait part de son intention de maintenir l’effort de défense à un « niveau crédible ». « La tentation peut être forte de faire de la défense une variable d’ajustement » a-t-il déclaré.

Seulement, et alors que les forces armées ont accompli un important effort de rationalisation, avec la suppression de 54.000 postes, la réforme de la carte militaire et la mise en place des bases de défense, François Hollande a averti qu’il « y aura des économies à faire » et que « la défense contribuera dans les mêmes proportions que les autres missions de l’Etat ».

Des choix « seront faits » a-t-il prévenu, sans pour autant donner de précisions à ce sujet mais en souligant que les récentes opérations extérieures avaient coûté « beaucoup plus cher que prévu ». Or, les crédits destinés aux opex ont en effet toujours été minorés, étant donné qu’il est difficile de prévoir qu’une intervention éventuelle aura lieu dans les mois qui suivent le vote du budget. Ainsi, pour l’intervention en Libye, la différence a ainsi été comblée par la réserve de précaution interministérielle.

Cependant, plusieurs domaines seront préservés, comme le renseignement d’origine spatiale (fonction connaissance et anticipation), les drones, domaine qui a été, selon lui, négligé par le gouvernement sortant, même si ce dernier a engagé le processus pour acquérir de nouveaux drones MALE et lancé une coopération franco-britannique, et les « besoins opérationnels les plus immédiats ».

Pour réaliser les économies demandées à la Défense, François Hollande a évoqué des « mesures de rationalisation » tout en assurant que les besoins opérationnels les plus immédiats » seraient satisfaits. A ce titre, il a déclaré vouloir « consolider la place des civils dans les fonctions non opérationnelles ». Est-ce une manière subtile de dire qu’il y aura davantage de recours aux externalisations?

Le candidat a également fait part de son intention de donner un rôle accru au Parlement (décision, contrôle) en matière de politique de défense, et particulièrement pour ce qui concerne les opérations extérieures.

Enfin, François Hollande a indiqué vouloir revoir la représentation professionnelle des militaires – le terme « syndicat » n’a toutefois pas été lâché – ainsi que les conditions de leur « participation » à la « vie citoyenne ». Il a aussi évoqué une « réflexion » sur la judiciarisation des « évènements de combat », en sous-entendant que les familles de soldats tués lors d’opérations avaient droit à des explications, en parlant de « dilemne pas insoluble ».

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