Massacre d’al-Qaïda au Yémen

Entre rébellion houthiste au nord, tensions séparatistes au sud et activisme de réseaux terroristes comme al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP), la situation sécuritaire du Yémen est pour le moins compliquée. Et en plus le pays n’a pas été épargné par les révoltes qui secouent le monde arabe depuis l’an passé.

Depuis le 25 février dernier, le Yémen a un nouveau président, en la personne d’Abd Rabbo Mansour, qui a succédé à Ali Abdallah Saleh, lequel avait été gravement blessé en juin 2011 par un tir d’obus ayant visé le palai présidentiel à Sanaa.

Le mandat, prévu pour durer deux ans, d’Abd Rabbo Mansour a mal commencé : le jour de sa prestation de serment, al-Qaïda a tué 26 soldats de la Garde républicaine à Moukala, dans le sud-est du pays. Et, depuis, les attaques du réseau extrémiste n’ont pas cessé.

Mais c’est dans la province d’Abyane que les jihadistes ont frappé un grand coup, en lançant un assaut meutrier contre la caserne de Koud, au cours duquel 103 militaires yéménites, selon un dernier bilan, ont perdu la vie.

Au moins 25 combattants de l’organisation « Les partisans de la charia », liée à al-Qaïda, ont été tués dans les combats, qui ont eu lieu près de Zinjibar, la capitale provinciale, contrôlée depuis mai 2011 par le réseau terroriste. Par ailleurs, 56 soldats dont 7 officiers, auraient été faits prisonniers.

Selon certains témoignages de rescapés, les jihadistes auraient été aidés par des militaires yéménites. « C’était une conspiration car nous avons été attaqués par derrière avec la complicité d’une partie des gardes qui ont rendu leurs armes et véhicules aux assaillants » a confié l’un d’eux. « Personne parmi ces derniers n’a été blessé dans l’attaque » a-t-il ajouté.

Et des complicités, AQAP a dû probablement en avoir pour faire exploser, le 4 mars, un avion de transport militaire Antonov, sur une base aérienne située près de l’aéroport international de Sanaa. « Les moudjahidines ont fait exploser un engin explosif à l’intérieur (de l’appareil) après avoir réussi à se faufiler au sein de la base d’Al-Dailamy » a revendiqué l’organisation terroriste. « Nous envoyons un message clair au gouvernement yéménite pour qu’il arrête de s’avancer vers Zinjibar et Jaar, sinon nous avons la capacité de vous attaquer dans toutes vos demeures », a-t-elle ajouté.

Depuis sa prise de fonction, le président Mansour a décidé de relever de leur commandement les officiers des unités déployées dans le sud du pays, en raison de collusions supposées qu’ils avaient avec al-Qaïda et surtout de leurs liens avec le régime d’Abdallah Ali Saleh.

Le Yémen est l’un des bastions historiques des jihadistes – l’attentat contre l’USS Cole, en octobre 2000, a eu lieu dans ce pays – et il s’est même renforcé, au cours de ces dernières années avec la faiblesse du gouvernement de Sanaa, appelé à se battre sur plusieurs fronts, et le regroupement des branches saoudiennes et yéménites au sein d’al-Qaïda pour la péninsule arabique (AQPA).

Cette filiale de l’organisation fondée par Oussama ben Laden est sans doute l’une des plus dangereuses actuellement. C’est elle, par exemple, qui a été à l’origine de l’attentat raté contre le vol Amsterdam-Detroit le jour de Noël 2009, ou encore qui a imaginé de mettre des explosifs dans des cartouches d’imprimantes afin de les faire exploser une fois arrivées à leurs destinataires aux Etats-Unis.

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