La Corée du Nord annonce la suspension de ses activités nucléaires en échange d’une aide alimentaire
Le moins que l’on puisse dire est que le régime nord-coréen est déconcertant. A peine une semaine après avoir menacé de lancer une « guerre sacrée » contre Séoul à l’approche des manoeuvres militaires Key Resolve et Foal Eagle, menées conjointement par la Corée du Sud et les Etats-Unis, Pyongyang a annoncé, le 29 février, un moratoire sur ses activités nucléaires en échange d’une aide alimentaire américaine.
Concrètement, le régime nord-coréen a accepté de suspendre ses essais nucléaires et l’enrichissement d’uranium, ainsi que les tirs de missiles balistiques. Sans oublier l’autorisation donnée aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de revenir sur le site du réacteur de Yongbyon. Et cette décision permettra la reprise des négociations à six (Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Japon, Chine, Russie).
Cette décision n’est pas sans contrepartie. En effet, dans le même temps, les Etats-Unis fourniront à la Corée du Nord 42.000 tonnes d’aides alimentaires pendant un an. D’après la diplomatie américaine, il s’agira avant tout de produits destinés aux enfants pour éviter qu’ils soient détournés au profit de l’armée nord-coréenne.
Quand l’on sait que le taux de malnutrition est, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) de 40% en Corée du Nord, l’on comprend mieux l’accord accepté par le régime de Pyongyang, d’autant plus que ce dernier a promis de donner l’image d’une « nation puissante et prospère » à l’occasion des commémorations du centenaire de son fondateur, Kim Il-Sung, lesquelles doivent avoir lieu le 15 avril prochain.
Cette annonce vient aussi plus de deux mois après la mort de Kim Jong-Il et l’arrivée au pouvoir de son fils, Kim Jong-Un. Aussi, cet accord viserait aussi à stabiliser la situation interne nord-coréenne afin d’assurer dans de meilleurs conditions la transition dynastique.
Côté américain, la décision de Pyongyang arrive au bon moment pour Barack Obama, qui devra défendre son fauteuil de président cette année. En clair, Washington espère ainsi éviter une nouvelle crise dans la péninsule coréenne en pleine période électorale. Et qui plus est, cet accord peut passer pour un succés de l’administration de l’actuel locataire de la Maison Blanche.
Cela étant, ce n’est pas la première fois que Pyongyang accepte de suspendre ses activités nucléaires. En 1994, déjà, l’ancien président américain, Jimmy Carter, avait négocié un accord du même genre. Il s’agissait à l’époque de fournir à la Corée du Nord une aide économique ainsi que des centrales à eau légère à vocation civile en échange de l’arrêt de son programme nucléaire militaire. Ce que Pyongyang n’a finalement pas fait puisque ce dernier s’est poursuivi dans la clandestinité.
En 2005, la Corée du Nord avait, là encore, promis d’abandonner « toutes ses armes nucléaires et les programmes nucléaires en cours », même civils, toujours en échange d’une aide économique. Mais un an plus tard, le régime nord-coréen procédait à son premier essai nucléaire, suivant d’un second, en 2009, après avoir accepté, en février 2007, de démanteler son réacteur de Yongbyon.