Elections 2012 : Passe d’armes au sujet de l’Otan

La mesure proposée par le candidat socialiste à la prochaine élection présidentielle, François Hollande, lors de l’émission « Parole de candidat » diffusée par TF1 le 27 février, d’imposer les revenus annuels supérieurs à 1 millions d’euro à hauteur de 75% a fait beaucoup de bruit. Certainement plus que ses déclarations au sujet de la réintégration de la France au sein du commandement militaire intégré de l’Otan.

Ainsi, conformément à son programme publié en janvier et bien qu’il fut hostile à cette réintégration au point de défendre une motion de censure à l’Assemblée nationale, François Hollande a répété qu’il ne serait pas question, dans le cas où il serait élu, de « sortir » des structures militaires de l’Alliance atlantique.

« C’était une mauvaise décision de rentrer dans le commandement militaire de l’Otan. Nous sommes membres de l’Otan » a affirmé le député corrézien. « Mais nous n’étions pas jusque-là (…) partie prenante de l’état major » a-t-il admis. « Il ne s’agit pas de dire que nous allons sortir, j’ai un respect de nos alliés, mais nous aurons à reposer des conditions, à la fois de respect de notre indépendance et de participation à des décisions » a-t-il expliqué.

Cette position, François Hollande l’avait déjà développée quelques jours plus tôt, devant la presse étrangère. Et elle n’a convaincu l’auteur du blog « Global Spin« , du magazine américain Time, lequel a estimé qu’il « est difficile de savoir exactement ce que cela veut dire ».

Quoi qu’il en soit, les propos tenus par le candidat socialiste au sujet du retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’Otan a fait réagir Gérard Longuet, le ministre de la Défense.

« Le 8 avril 2008, en soutenant une motion de censure du PS à l’Assemblée nationale, François Hollande considérait comme fâcheuse la décision de revenir dans le commandement militaire de l’Otan » a rappelé le ministre dans un communiqué. Et selon lui, l’élu corrézien « se trompe à nouveau en 2012 ».

« La France, au sein de l’Otan, est désormais comprise et reconnue pour ce qu’elle est, à savoir la deuxième puissance militaire, forte d’une dissuasion qui reste autonome, respectée par sa capacité d’intervention » a affirmé Gérard Longuet, en évoquant les opérations en Libye et en Afghanistan.

« Désormais, la France exerce un leadership en Europe. François Hollande veut détruire cela. Ce serait un immense gâchis en terme de confiance européenne construite autour de nos forces et de notre diplomatie », a estimé le ministre de la Défense, qui a ajouté que la France doit « tenir le cap que lui fixe son statut confirmé de membre permanent du Conseil de sécurité » de l’ONU ».

Le fait est que, par rapport aux autres Etats membres de l’Alliance atlantique, la France a obtenu l’un des deux commandements interalliés de cette organisation, avec l’Allied Command Transformation (ACT), qui, chargé des questions doctrinales, est dirigé par le général Stéphane Abrial, l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA). Auparavant, ce poste revenait à un officier américain.

« Au même titre que tous mes camarades dans la structure, qu’ils soient civils ou militaires, j’apporte ma propre culture, ma propre expérience, ma propre vision des choses, qui reflète forcément ma culture française » a expliqué le général Abrial, lors du séminaire annuel sur la réforme de l’Otan, organisé à Washington les 28 et 29 février. Et avoir réintégré les structures militaires fait que l’on est « mieux écouté et plus efficace quand on est membre du club et que l’on participe depuus les premières phases à toutes les prises de décision », a-t-il poursuivi.

Pour le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, le retour de Paris dans le commandement militaire intégré est « totalement positif ». Et de prendre l’exemple de l’opération Unified Protector en Libye afin d’illustrer son propos.

« Comme vous le savez, cela a commencé par une coalition de pays volontaires. Mais c’est très rapidement devenu une opération de l’Otan et une opération très réussie » a fait valoir l’ancien Premier ministre danois. « Et l’une des raisons pour lesquelles c’est devenu une opération de l’Otan, c’est justement parce que la France avait réintégré nos structures » a-t-il expliqué.

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