Il y a 70 ans, le croiseur sous-marin Surcouf sombrait en mer des Caraïbes

Le 31 décembre 1926, le ministre de la Marine de l’époque, Georges Leygues, lança le projet de construire des sous-marins d’escadre (projet Q), dont les plans furent établis quelques années plus tôt. Il s’agit alors de concevoir des submersibles capables de chercher et et de détruire des forces navales ennemies en collaboration avec la flotte de surface et de mener une guerre de course contre des convois adverses, le tout en assurant les liaisons avec les colonies.

Au final, seul le croiseur sous-marin Surcouf verra le jour. Construit à Cherbourg, le bâtiment est lancé le 18 octobre 1929 et entre en service cinq ans plus tard, après que son existence a été remise en cause lors de la conférence de Londres portant sur le désarmement naval de janvier 1930.

Et à l’époque, le Surcouf est le plus grand sous-marin du monde, avec 110 mètres de long pour 9 mètres de large et un déplacement en surface de 3.300 tonnes (4.320 tonnes en plongée). Propulsé par deux moteurs diesels de 3.800 cv, il est armé par 2 canons de 203 mm alimentés à 300 coups, 2 canons de 37 mm anti-aériens semi-automatiques, mitrailleuses de 8 mm alimentées par 16.000 cartouches et 10 tubes lance-torpilles. Qui plus est, il peut embarquer un hydravion MB 411 dans un compartiment étanche à l’arrière de son massif.

Seulement, le Surcouf, fruit d’un programme ambitieux, s’est révélé fragile à l’usage. Et quand vient la campagne de France de mai-juin 1940, ce croiseur sous-marin est à quai, à Brest. Pour éviter qu’il ne tombe aux mains des troupes allemandes, il est envoyé tant bien que mal à Plymouth, en Angleterre.

Pour autant, l’équipage du Surcouf ne répond pas à l’appel à la résistance lancé par le général de Gaulle le 18 juin 1940. Le sous-marin sera alors arraisonné – non sans violence – par les Britanniques au cours de l’opération Catapult pour être ensuite remis aux Forces navales françaises libres (FNFL).

Le Surcouf, alors placé sous le commandement du capitaine de corvette auvergnat Blaison, est réarmé non sans difficulté avec le concours britannique. En avril 1941, au cours d’un entraînement dans la rivière Clyde, il est endommagé par un avion de la Luftwaffe à hauteur de Devonport. Par la suite, le sous-marin participe à des missions d’escorte dans l’océan Atlantique.

Le 24 décembre 1941, il est l’un des acteurs du ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France Libre. Quelques semaines plus tard, il reçoit l’ordre de se mettre en route vers Tahiti et la Nouvelle-Calédonie, alors que le Pacifique vient de s’embraser suite à l’agression japonaise sur Pearl Harbor et l’entrée en guerre des Etats-Unis.

Seulement, le Surcouf ne rejoindra jamais sa nouvelle zone d’opérations. Dans la nuit du 18 au 19 février, alors qu’il s’apprêtait à passer le canal de Panama, il sombre en mer des Caraïbes, avec 130 marins à son bord dont aucun ne survivra.

Les circonstances du naufrage de ce qui était le plus grand sous-marin du monde à l’époque restent floues, 70 ans après. Selon la version américaine, le Surcouf aurait été abordé par le cargo Thomson-Lykes, à 75 miles du canal de Panama. Le choc aurait ainsi provoqué sa perte.

Mais une autre hypothèse, d’origine française, avance que le Surcouf aurait été victime de la méprise d’un hydravion américain PBY Catalina, alors en mission anti-sous marine dans les parages.

De nos jours, le nom du corsaire malouin Surcouf a été donné à une frégate de type La Fayette (F-711) admise en service actif en 1997. De même qu’un aviso de la Marine nationale s’appelle « Commandant Blaison », en hommage à ce héros de la France Libre.

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