Suisse : Saab est prêt à faire un effort sur le prix du Gripen

Bien qu’arrivé derrière le Rafale et l’Eurofighter Typhoon lors des évalutions faites dans le cadre d’un appel d’offres , le Gripen du constructeur suédois Saab, a été choisi en novembre 2011 par la Suisse pour remplacer les F-5 de sa force aérienne.

« Ce n’est pas le meilleur appareil du monde, mais c’est celui qui présente le meilleur rapport qualité-prix et qui correspond le mieux à nos besoins » avait fait valoir Ueli Maurer, le chef du Département suisse fédéral de la défense. Le contrat, qui reste encore à signer, porte sur 22 appareils pour une facture de 3,1 milliards de francs suisse.

Entre les opposant à l’achat de nouveaux avions de combat et les partisans du Rafale de Dassault Avation, cette décision en faveur du Gripen est loin de faire l’unanimité en Suisse. Une enquête a d’ailleurs été ouverte à la suite de la diffusion d’une lettre dans laquelle il est fait état d’irrégularités dans le processus de sélection de cet appareil.

Comme le prix semble avoir été le principal argument motivant le choix du Gripen – il s’agissait aussi pour le Conseil fédéral suisse ne limiter autant que possible les oppositions à cet achat en en diminuant la facture – Dassault Aviation a fait une contre-proposition auprès du Parlement suisse, lequel aura à se prononcer sur ce dossier.

Ainsi, la nouvelle offre du constructeur français porte sur 18 Rafale, aux capacités air-sol réduites mais disposant du radar AESA RBE2-AA ou encore de la liaison 16, le tout pour 2,7 milliards de francs suisses. Ces 18 avions seraient en mesure de remplir « largement » la tâche des 22 Gripen, selon un haut-gradé de l’armée suisse cité par le journal Le Matin.

Cette contre-offensive de Dassault Aviation a conduit Gripen à revoir ses tarifs. Selon le quotidien Tages-Anzeiger, qui cite « des sources proches du dossier », le constructeur suédois proposerait désormais ses 22 Gripen pour une somme comprise entre 2,5 et 2,8 milliards de francs suisse et aurait également consenti à ce que le contrat soit signé diretement avec le gouvernement suédois, ce qui lui donnerait une garantie d’Etat. En clair, Stockholm viendrait au secours de Saab en cas de problème pour livrer les appareils.

D’ici le 13 février prochain, le dossier sera examiné par la commission parlementaire suisse en charge des affaires de défense et le contrat concernant l’achat des Gripen pourrait être avalisé avant la fin du mois pour qu’ensuite le Parlement puisse se prononcer à l’été, voire à l’automne prochain. Et c’est là que tout va se jouer entre Dassault et Saab.

Seulement, les chances du Rafale restent minces, surtout après la sortie, dans les colonnes du journal Tages Anzeiger, de Christophe Darbellay, le président du Parti démocrate-chrétien (PDC), une formation charnière au Parlement suisse.

« Comment Sarkozy peut-il croire que nous allons acheter à la France des avions, alors qu’il attaque la Suisse sans raison » a-t-il ainsi déclaré, en faisant référence aux propos du président français tenus lors du sommet du G-20 de Cannes.

« La Suisse et le Liechtenstein ne se qualifieront pas pour la phase deux de l’examen de transparence fiscale tant qu’ils ne remédieront pas à certaines déficiences qui sont identifiées » avait alors affirmé Nicolas Sarkozy. Et cette petite phrase n’a pas eu l’heur de plaire aux autorités hélvétiques…

« Il ne perd pas une occasion pour pilonner la Suisse » a affirmé M. Darbellay, en faisant référence au président français. « Et il voudrait dans le même temps qu’on achète des avions de combat? » s’est-il interrogé. « Même si c’était le meilleur avion du monde, au prix le plus favorable, je n’approuverais jamais cet achat » a-t-il lâché, en estimant par ailleurs que la nouvelle offre faite par Dassault n’est « pas sérieuse ». Qui a dit que « la colère est mauvaise conseillière »?

Toutefois, les choses ne sont pas figées. Car M. Darbellay a laissé entendre qu’il suffirait à Paris de conclure un accord fiscal avec Berne pour améliorer le climat entre les deux pays. En attendant, la contre-proposition de Dassault Aviation aura eu au moins le mérite de faire baisser la facture des futurs avions de combat suisses…

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