Pour le renseignement américain, une intervention militaire contre l’Iran n’est pas inéluctable

Si l’on en croit les déclarations faites par une source industrielle citée par l’AFP, il y aurait actuellement 480.000 tonnes de céréales placées à bord de 24 navires qui ne peuvent pas être débarquées en Iran en raison de sanctions internationales qui visent le pays pour son programme nucléaire. Etant donné que les transactions bancaires sont devenues maintenant très compliquées, Téhéran n’est pas en mesure de payer les exportateurs.

Aussi, ces sanctions internationales (comme par exemple l’embargo de l’UE sur les exporations de pétrole iranien), si elles ne sont pas contournées d’une manière ou d’une autre, sont susceptibles de contraindre l’Iran à mettre un terme à son programme nucléaire suspecté par l’Agence internationale de l’énergie atomique d’avoir une portée militaire. C’est du moins l’estimation faite par James Clapper, le directeur du renseignement américain (DNI), lors d’une audition devant une commission du Sénat.

« Nous estimons que le processus de décision iranien en matière nucléaire est guidé par une approche coût-bénéfice, qui donne à la communauté internationale la possibilité d’influencer Téhéran », a-t-il déclaré lors de son intervention. D’où sa conclusion : une intervention armée contre l’Iran n’est pas « une fatalité ».

D’après James Clapper, ces sanctions « écrasent » l’économie iranienne et accentuent les divergences entre le guide suprême, Ali Khamenei, et Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien.

« Les difficultés économiques de l’Iran ne mettront probablement pas en péril le régime, à défaut d’une chute brutale et soutenue des prix du pétrole ou d’une soudaine crise interne qui interrompe ses exportations de brut » a-t-il expliqué. Mais « notre espoir est que les sanctions, particulièrement celles qui viennent d’être instaurées, auront pour effet de provoquer un changement de la politique iranienne » a-t-il ajouté.

Pour le directeur de la CIA, l’ancien général David Petraeus, « les sanctions ont été bien plus mordantes depuis ces dernières semaines qu’elles n’avaient été jusque-là.

D’une manière générale, le renseignement américain estime que la question de l’arme nucléaire ne fait pas consensus au sein de l’appareil d’Etat iranien. Seulement, si aucune décision n’aurait été formellement prise pour passer à l’étape supérieure, tous les ingrédients pour disposer, le cas échéant, d’une telle bombe seraient réunis.

Pour le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, par ailleurs ancien directeur de la CIA, il faudrait environ un an pour que l’Iran puisse construire sa première arme nucléaire, soit le temps nécessaire pour produire suffisamment d’uranium enrichi, et deux ans de plus au maximum pour pouvoir l’intégrer à un vecteur.

Cela étant, si une opération militaire contre l’Iran n’est pas une « fatalité », James Clapper a mis cependant un bémol. En effet, selon lui, les dirigeants iraniens, « dont probablement le guide suprême Ali Khamenei » pourraient avoir recours au terrorisme afin de répondre aux sanctions internationales, comme le montrerait le supposé complot contre l’ambassadeur saoudien à Washington.

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