Soupçons d’irrégularités concernant le Gripen en Suisse

Nouveau rebondissement dans le dossier des nouveaux avions de combat destinés à remplacer les F-5 Tiger des forces aériennes suisses. En novembre dernier, le contrat avait été remporté par le groupe suédois Saab, qui avait soumis son Gripen, au détriment de l’Eurofighter et du Rafale. Et cette décision ne fait toujours pas l’unanimité en Suisse.

Il y a d’abord ceux qui estiment que l’achat de nouveaux avions de combat, quels qu’ils soient, n’est pas une priorité en ces temps de crise économique au point qu’une « votation » au sujet de ce contrat devrait être organisée.

Et puis il y a ceux qui contestent le choix du Gripen, passant pour le être le moins performant des trois appareils ayant répondu à l’appel d’offres. Mais qui est aussi le moins cher. Or, c’est cette variable qui a été déterminante dans le le choix du Conseil fédéral hélvétique.

Mais, d’après la presse suisse, les choses pourraient être bien plus compliquées que ça… En effet, un courrier de 5 pages, signé par un mystérieux « Groupement pour une armée crédible et intègre » a été envoyé à des rédactions ainsi qu’à des parlementaires. Et les accusations d’irrégularités au sujet du contrat concernant le Gripen ont été jugées assez graves et crédibles pour que le Conseil national suisse décide de créer une sous-commission pour y voir plus clair, même si Armasuisse a démenti ses allégations.

Ainsi, selon le quotidien Le Temps, qui a eu accès à cette lettre, « le Gripen aurait été jugé insatisfaisant en vol lors des évaluations de 2008 et 2009 ». Et le quotidien de poursuivre : « par la suite, la firme suédoise avait proposé des améliorations qui ne figurent que sur le papier. Les évaluateurs avaient appliqué des facteurs de pondération liés aux risques technologiques non évalués. Le directeur du projet aurait ordonné de supprimer ces facteurs de pondération, ramenant le Gripen dans les minima ».

Mais ce n’est pas tout. Les Forces aériennes suisses n’ont pas eu l’autorisation d’évaluer le nombre d’appareils dont elles auraient eu besoin en fonction de leurs performances. Ainsi, là où, par exemple, il faudrait 24 Gripen, seulement 15 Rafale suffiraient.

Et le chef du Département fédéral de la défense, Ueli Maurer, n’échappe pas aux accusations. Toujours d’après le journal genevois, ce dernier aurait reçu directement une offre faite par Saab pour ensuite faire part de sa préférence pour l’avion suédois. Pour faire bonne mesure, le commandant des Forces aériennes aurait subi des pressions pour effacer les mauvais points du Gripen dans ses rapports.

« Tout cela ne sent pas très bon. Ces informations précises viennent d’un insider, et certaines accusations sont troublantes. Je n’aimerais pas que cela tourne en nouvelle affaire des Mirage », a estimé Yvan Perrin, un élu du Conseil national.

Ce n’est pas la première fois que le Gripen est cité dans des affaires litigieuses, comme par exemple en République Tchèque ou encore en Afrique du Sud.

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