Non-lieu pour un gendarme

C’est une affaire dont l’origine remonte au 16 juillet 2010. Ce jour-là, dans le Loir-et-Cher, Miguel et Luigi Duquenet, deux cousins membres de la communauté des gens du voyage, forcent à bord de leur véhicule un barrage de gendarmerie après avoir agressé un adolescent à un distributeur de billets. Un militaire est alors blessé.

Quelques minutes plus tard, la même voiture, dont le conducteur a entre-temps changé, se présente à un second barrage de gendarmerie, établi cette fois à hauteur de la commune de Thésée-la-Romaine. Le véhicule ralentit dans un premier temps, puis accélére. Un gendarme fait alors usage de son arme et touche mortellement Luigi Duquenet.

Le 18 juillet, en réaction face à ce décès, une cinquantaine de personnes appartenant également à la communauté des gens du voyage, s’en sont pris à la brigade de gendarmerie de Saint-Aignan, ce qui a conduit les autorités à déployer 300 gendarmes mobiles pour ramener le calme dans cette commune de 3.400 habitants.

L’histoire n’en est pas restée là pour le gendarme auteur des tirs qui ont été fatals à Luigi Duquenet : après avoir été immédiatement muté, il est en effet mis en examen, en octobre 2010, par le juge d’instruction en charge du dossier pour « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Quant au conducteur ayant forcé le second barrage de gendarmerie, il avait été placé auparavant en détention préventive pour « tentative d’homicide volontaire ».

« Je tiens à manifester publiquement mon soutien moral et matériel à ce militaire aujourd’hui dans l’épreuve, à sa famille, ainsi qu’à ses 97.000 camarades de la gendarmerie nationale » avait réagi Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur à l’époque des faits. « Je prends acte de la mise en examen » de ce gendarme « qui avait dû faire face (…) à une situation extrêmement dangereuse pour sa vie » avait-il ajouté.

Finalement, près de 18 mois plus tard, et conformément aux réquisitions du Parquet de Blois, le juge d’instruction a délivré une ordonnance de non-lieu en faveur du gendarme, estimant, tout comme le procureur de la République, que le militaire a fait usage de son arme dans le cadre de la légitime défense.

Quant à Miguel Duquenet, il ne s’en tire pas si mal que ça étant donné que les faits qui lui sont reprochés ont été requalifiés en « refus d’obtempérer aggravé » – une délit passible de 5 ans de prison -, ce qui lui vaudra d’être renvoyé devant un tribunal correctionnel. Il avait été initialement mis en examen pour « tentative d’homicide » sur des gendarmes, ce qui aurait dû le conduire devant les assises.

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