Quelques pistes pour renforcer la sécurité des militaires français en Afghanistan

Les motivations qui ont poussé un soldat de l’armée nationale afghane (ANA) à ouvrir le feu sur des militaires français, le 20 janvier dernier (4 tués et une quinzaine de blessés) restent encore confuses.

Ainsi, au lendemain de la tragédie, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, envoyé en Afghanistan sur ordre du président Sarkozy afin d’évaluer avec les autorités afghanes les mesures susceptibles d’être prise pour éviter un nouvel acte de ce type, a déclaré que le meurtrier des quatre militaires français était « un taliban infiltré depuis longtemps » au sein de l’ANA. Cette affirmation était basée sur les déclarations du général afghan Nazar, le commandant de la 3e brigade à laquelle appartenait l’auteur des coups de feu.

Mais visiblement, la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, se veut plus prudente. « Comme nous l’avons vu avec des incidents de ce type (…) au travers de nos enquêtes, il y a beaucoup de raisons pour ces incidents » peut-on lire sur le compte Twitter de la coalition internationale déployée en Afghanistan. « Il est trop tôt actuellement pour affirmer que les taliban sont impliqués dans ces incidents » ajoute-t-elle.

Par ailleurs, d’autres sources ont indiqué que le meurtrier, capturé après son geste, aurait affirmé avoir agi en réaction à la vidéo montrant des militaires américains en train d’uriner sur des cadavres d’insurgés présumés. Et il nierait également faire partie du mouvement taleb.

Quoi qu’il en soit, cet acte a fortement ébranlé la confiance que les militaires français pouvaient avoir à l’égard de leurs homologues afghans, d’autant plus que ce n’est pas le premier, deux légionnaires du 2e Régiment Etranger de Génie ayant été tués par un soldat de l’ANA en décembre dernier.

Pour autant, et même si le président Sarkozy a évoqué un éventuel retrait anticipé des forces françaises d’Afghanistan après le drame du 20 janvier – ce qui était sans doute aussi une façon de mettre la pression sur les autorités afghanes – la « France n’entend pas céder à la panique », comme l’a souligné Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, ce 24 janvier, à l’Assemblée nationale.

« Quand j’entends parler de retrait immédiat, fût-ce à la fin 2012, je ne suis pas sûr que ceci ait été mûrement réfléchi et étudié » a-t-il ajouté, en demandant de ne « pas confondre un retrait ordonné et une retraite précipitée. »

Cela étant, retraite précipitée ou pas, des mesures de sécurité doivent être prises. Et l’affaire n’est pas simple, notamment pour la mission de formation menée par les militaires français au profit des forces afghanes, qui consiste, selon le général de Bavinchove, le chef d’état-major de l’ISAF, à « vivre avec les soldats afghans » et « à les instruire » et non à « s’en protéger ».

A priori, les mesures de sécurité passeront par une séparation des contingents afghans et français. En clair, il ne sera plus question de partager les bases avancées, comme était le cas à Gwan (Kapisa), où les 3 artilleurs de montagne et le sapeur de la Légion étrangère ont été assassinés. Autre idée avancée : les formations de l’armée afghane pourraient se faire à l’intérieur des camps français, après un contrôle minutieux des soldats afghans, avec un recours aux systèmes biométriques. Cela permettrait, au moins, d’éventuellement identifier un insurgé infiltré, à la seule condition de disposer de données le concernant.

Malgré tout, ces mesures risquent d’être encore insuffisantes. « Il n’y a pas de garanties, ça reste la guerre » a commenté Gérard Longuet, à son retour d’Afghanistan. En tout cas, le sujet sera évoqué par le président Sarkozy et son homologue afghan, Hamid Karzaï, le 28 janvier.

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