Un syndicat de policiers s’en prend une nouvelle fois aux gendarmes

La publication des statistiques concernant la délinquance pour l’année 2011 a donné lieu à une attendue passe d’armes entre le gouvernement et l’opposition. A quelques semaines d’une élection présidentielle, c’est de bonne guerre.

Ainsi, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a assuré, le 17 janvier, que la délinquance général a diminué de 0,34% en 2011 par rapport à l’année précédente, avec « 12.000 faits en moins » et de 16,47% depuis 2002, alors que « la population française a augmenté de 3.200.000 habitants ».

Ces statistiques, qui englobent tous les actes de délinquance, quelle que soit leur nature depuis 1972, ont été contestées par le Front national et le conseilleur pour les questions de sécurité de François Hollande, François Rebsamen, qui a parlé de « maquillage ».

Cela étant, et le ministre de l’Intérieur ne l’a pas caché, le nombre de cambriolages de résidences principales et secondaires a bondi de 16%. C’est une « tendance que nous enregistrons depuis deux ans » a-t-il affirmé.

Pour Claude Guéant, cette hausse est le fait de « raids menés par des personnes originaires d’Europe centrale et orientale ». A ce titre, le ministre a demandé à la Commission européenne de préparer un plan avec Europol et Euojust afin de lutter contre la criminalité « transnationale ». Pour l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, elle serait également liées aux possibilités d’écouler des objets volés offertes par des sites de revente en ligne, comme eBay ou Le Bon Coin.

Mais pour le Syndicat national des officiers de police (SNOP), l’explication est ailleurs. Dans un communiqué diffusé par son site Internet, il n’a en effet pas hésité à mettre en cause… les gendarmes.

« Si les cambriolages demeurent un point noir dans cet état statistique, cette augmentation est surtout concentrée dans la zone de la gendarmerie nationale » note perfidement le SNOP. « Cet aspect de l’évolution de la délinquance démontre encore une fois la nécessité absolue pour la gendarmerie nationale de demeurer dans ses zones rurales de compétences historiques plutôt que de vouloir s’implanter à tout prix et sans les effectifs nécessaires dans des villes moyennes où la police démontre au quotidien sa disponibilité 24/24 et sa grande qualité de service rendu aux citoyens » ajoute-t-il.

C’est aller quand même un peu vite en besogne… Car les statistiques ne précisent pas si ces cambriolages d’habitations ont eu lieu en ville ou en mileu rural, en zone police ou en zone gendarmerie. Par contre, l’on sait que pour le Grand Paris (placé sous reponsabilité policière), ils ont augmenté de 17,2%. Par conséquent, le policier et le gendarme sont confrontés au même phénomène. Aussi, le chiffre le plus intéressant serait le taux d’élucidation des affaires car à moins d’avoir un système comme dans le roman intitulé « Minority Report » de Philip K. Dick, on ne peut pas anticiper les vols.

Quant au redéploiement police/gendarmerie, qui est manifestement dans le collimateur du SNOP, la Cour des comptes a récemment donné quelques précisions dans un rapport s’intéressant à la redéfinition des zones de compétence entre les deux forces de sécurité.

« Les redéploiements territoriaux opérés de 2003 à 2006 entre la police et la gendarmerie nationales ont été principalement guidés par la volonté de supprimer une partie des anachronismes dont souffrait le partage territorial entre les deux forces » rappelle le document.

« Ils ont concerné 66 départements et se sont traduits par le transfert de 219 communes en zone de police et de 121 communes en zone de gendarmerie. Ils n’ont conduit à transférer en zone de gendarmerie que la moitié environ des ‘petites’ circonscriptions de sécurité publique (CSP) visées en 1998 dans le rapport Carraz-Hyest. Un nombre supérieur de communes a été intégré en zone de police si bien qu’en termes démographiques, cette vague de redéploiements s’est traduite par un accroissement net de la population couverte par la police nationale » y est-il encore écrit. Et dans le cadre de la Révision Générales des Politiques Publiques (RGPP), « seulement douze communes » ont été « transférées en zone de police et sept en zone de gendarmerie » en 2011.

A plusieurs reprises, le SNOP s’en est pris à la Gendarmerie nationale. Comme par exemple en dénonçant, en mai 2010, la diffusion par France2 d’une émission de l’animateur Michel Drucker rendant hommage à la Maréchaussée, au motif que le « service public a servi de centre de recrutement pour le gendarmes ».

Plus récemment, son secrétaire général, Dominique Achispon, s’est ému, dans un courrier adressé au Premier ministre, d’un rapport parlementaire qui aurait été trop favorable à la Gendarmerie par rapport à la Police nationale. Il faut savoir que le SNOP conteste le statut militaire des gendarmes, vigoureusement défendu, entre autres, par l’Union nationale des personnels en retraite de la Gendarmerie (voir la réponse ferme ici). Ceci expliquant cela.

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