Les Gurkhas et les officiers supérieurs font les frais des nouvelles coupes dans les effectifs des forces britanniques

Depuis 1815, les Gurkhas, des soldats d’origine népalaise, servent dans les rangs de la British Army. Et l’Empire britannique a bien été heureux de pouvoir compter sur eux depuis, si l’on en juge par les pertes qu’ils ont subies depuis près de deux siècles sous les couleurs de l’Union Jack, avec notamment 45.000 tués lors des deux conflits mondiaux.

Pourtant, il faudra attendre 2004 pour qu’une loi les autorise à s’établir au Royaume-Uni après leur temps de service. Et encore, cette mesure ne concerne alors seulement ceux qui s’étaient engagés avant 1997.

Des actions en faveur de ces soldats réputés pour leur courage ont été entreprises, notamment avec le concours de l’actrice britannique Joanna Lumley (Chapeau melon et bottes de cuir, Absolutely Fabulous). Finalement, « The « Gurkha Justice Campaign« , mouvement soutenu par David Cameron, alors dans l’opposition, leur a permis d’obtenir le droit de s’installer au Royaume-Uni, sans autre condition que celle d’avoir servi pendant une période minimum au sein de la British Army. Mieux encore, la durée maximale de leur engagement a été dans le même temps portée de 15 à 22 ans.

Seulement, la vie prend parfois des accents cyniques. Car l’allongement du temps de service des Gurkhas a eu pour conséquence de faire augmenter leurs effectifs. Actuellement, 3.500 d’entre eux servent dans les rangs de la British Army. Et en ces temps d’austérité budgétaire (à ce niveau là, ce n’est plus de la rigueur…) qui se traduisent par des réductions de format des forces armées, il fallait s’attendre à ce que le couperêt tombe sur ces soldats népalais.

Ainsi, l’annonce faite le 17 janvier par le ministère de la Défense (MoD) concernant la réduction des effectifs des forces britanniques l’a confirmé : 400 Gurkhas, ayant plus de 6 ans de service, devront prochainement retourner à la vie civile. Au total, la British Army perdra 2.900 hommes.

Quant aux autres branches de l’armée britannique, la Royal Air Force verra ses effectifs diminuer de 1.000 personnels. La Royal Navy s’en tire mieux – mais à force, il y a de moins en moins à enlever – avec 300 postes supprimés.

Mais ce sont surtout les officiers supérieurs qui sont particulièrement visés par ces baisses d’effectifs. Pour la British Army, pas moins de 8 brigadiers (équivalent au premier grade d’officier général pour l’Otan) et 60 commandants de bataillon devront prendre leur retraite ou bien se reconvertir.

Mais c’est la RAF qui est la plus touchée car elle perdra le tiers de ses officiers supérieurs, avec 26 Air Vice Marshalls, 30 Group Captains, 40 Wings Commanders et 115 Squadron Leaders. Les pilotes ne seraient pas trop concernés par ces coupes, ce qui n’est pas le cas des ingénieurs, des logisticiens et des contrôleurs aériens.

Pour mémoire, cette réduction de format des forces armées britanniques a été décidée dans le cadre de la Strategic Defence and Security Review (SDSR), laquelle prévoit la suppression de 17.000 postes en 4 ans.

« Des décisions difficiles ont dû être prises dans la SDSR » a affirmé Philip Hammond, le ministre britannique de la Défense. « La taille du déficit budgétaire dont nous avons hérité n’a laissé d’autre choix que de réduire la taille des forces armées, tout en les reconfigurant pour s’assurer qu’elles restent agiles, souples et efficaces », a-t-il expliqué.

« Le programme de licenciement n’aura pas d’impact négatif sur les opérations actuelles en Afghanistan, où nos forces armées continuent de se battre si courageusement au nom de ce pays » a encore ajouté Philip Hammond.

Photo : Le sergent Dip Prasad, un soldat népalais qui s’est battu seul contre 30 taliban, le 10 septembre 2010, à Rahim Kalay, dans la province du Helmand

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