La guerre secrète continue en Iran

Le 12 janvier 2010, le physicien nucléaire iranien Massoud Ali Mohammadi était victime de l’explosion d’un moto piégée garée devant son domicile. Le 29 novembre de la même année, deux autres scientifiques liés de près ou de loin au programme nucléaire de Téhéran, Majid Shahriari et Fereydoun Abbassi Davani, furent tués par une bombe placés sur leur véhicule avec un aimant.

Et la liste ne s’arrête pas là. Le 23 juillet 2011, Daryoush Rezaei, un scientifique de 35 ans en rapport avec l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) était abattu devant son domicile, à Téhéran, par des hommes à moto. Et, le 11 janvier de cette année, l’ingénieur chimiste Mostafa Ahmadi Roshan, un des responsables du site d’enrichissement d’uranium de Natanz (centre de l’Iran), a été tué après que des hommes, évoluant également à moto, ont fixé avec un aimant une bombe sur sa voiture. Cet assassinat a eu lieu alors que l’Iran venait d’annoncer le  début des opérations d’enrichissement d’uranium dans son site souterrain de Fordow, près de Qom.

« Cette action terroriste commise par les agents de l’oppression (ndlr, États-Unis) et du régime sioniste vise à empêcher nos scientifiques de servir » leur pays, « mais ils doivent savoir que ceux-ci sont plus déterminés que jamais (…) à avancer sur le chemin du progrès scientifique », a affirmé Mohammad Reza Rahimi le vice-président iranien.

Du côté de Washington, l’on a démenti toute implication dans ces assassinats ciblés. « Les Etats-Unis n’ont absolument rien à voir là-dedans » a ainsi déclaré Tommy Vietor, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, à la Maison Blanche. « Nous condamnons avec force tous les actes de violence, dont les actes de violence comme ceux-ci » a-t-il ajouté.

Il est difficile d’avoir une idée sur une éventuelle participation américaine à ces opérations. Ce que l’on peut avancer avec certitude, en revanche, est que les Etats-Unis mènent des missions de renseignement en Iran. La récente affaire de la perte d’un drone furtif de reconnaissance, le RQ-170 Sentinel, exhibé par l’Iran, le démontre.

En Israël, les accusations iraniennes ne font jamais – ou rarement – l’objet de démentis officiels ni de quelconques revendications. « Je ne sais pas qui s’est vengé sur le scientifique iranien, mais je ne verserai certainement pas une seule larme » a cependant écrit le porte-parole de Tsahal, le général Yoav Mordechai, sur la page Facebook qu’il vient de créer.

Cette déclaration rappelle celle faite en novembre dernier par Ehud Barak, le ministre israélien de la Défense, au sujet de la mystérieuse explosion sur la base Amir el-Momenin, qui a été fatale au fondateur de la force balistiques des gardiens de la Révolution iraniens. « Je ne sais pas » quelle est l’étendue de l’explosion, « mais ce serait souhaitable que de telles explosions se multiplient », avait-il alors estimé.

Justement, l’explosion de cette caserne des Pasdarans en a rappelé une autre, celle, en octobre 2010, de la base Imam Ali, qui, située près de Khorramabad, dans l’ouest du pays, abrite des missiles balistiques Shabab-3. Et cela s’ajoute à l’apparition du virus informatique Stuxnet, qui a infecté 30.000 systèmes iraniens, dont ceux du site de Natanz.

Qui est derrière ces sabotages? Le fait que, le mois dernier, plusieurs unités des forces spéciales israéliennes ont reçu des « certificats honorifiques » pour une « dizaine de missions classifiées » en 2011, a peut-être un rapport avec ces actions…

Quant aux assassinats ciblés de scientifiques iraniens, une une source sécuritaire irakienne, citée par Le Figaro, a affirmé que « le Mossad utilise pour cela (ses opérations en Iran) la région autonome du Kurdistan irakien, où ses agents ont renforcé leur infiltration ». Et de préciser : « Les Israéliens utilisent les opposants kurdes au régime iranien qui sont réfugiés dans les régions kurdes d’Irak ».

Pour Israël, la perspective de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire est inacceptable. Comme, d’ailleurs, les monarchies pétrolières sunnites du golfe Persique… Aussi, l’on prête l’intention aux dirigeants israéliens de vouloir mener une opération militaire contre les installations du programme iranien.

Seulement, cette éventualité est repoussée par la communauté internationale, mais aussi par responsables de Tsahal et du Mossad, qui préférent un mode d’action indirect visant à retarder le programme nucléaire iranien, cela afin d’éviter de compliquer davantage la situation sécuritaire de leur pays, l’Iran pouvant, par le Hezbollah, ouvrir un front dans le nord d’Israël. Cette démarche a été initiée par Meir Dagan, l’ancien patron du service de renseignement israélien et elle a depuis été poursuivie par Tamir Pardo, son successeur.

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