Les dépenses militaires d’Israël annoncées en hausse de 700 millions de dollars

Bien que l’économie israélienne se porte plutôt bien, avec une croissance relativement importante et un taux de chômage estimé à 5,5% de la population active, le coût de la vie y est élevé, notamment pour ce qui concerne le logement et l’énergie. Cela donna lieu, l’été dernier, à des manifestations de grande ampleur dans le pays, rassemblant 450.000 personnes.

Pour répondre à ce mouvement social, une commission présidée par l’économiste Manuel Trajtenberg fut chargée par le gouvernement israélien d’apporter des solutions à ces problèmes. Parmi ces dernières, il figurait la baisse des dépenses militaires à hauteur de 500 millions d’euros afin de stimuler la construction de logements sociaux sans creuser le déficit budgétaire.

« Il n’est pas facile de diminuer le budget de la défense compte tenu des menaces qui nous entourent mais l’heure est venue de changer les équilibres » avait alors estimé Manuel Trajtenberg, à l’époque soutenu par le ministre du Budget, qui voyait là une occasion de dénoncer le refus de l’armée israélienne de voir ses comptes contrôlés.

Seulement, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, fit savoir qu’il était hors de question de baisser le budget de son ministère, à cause de l’évolution géostratégique du pays. En effet, Israël est menacé au sud par le Hamas palestinien et le changement probable de la politique égyptienne à son égard.

Même chose au nord, avec le Hezbollah libanais, qui prend ses ordres à Téhéran. Sans compter la destabilisation de la Syrie, le dossier du nucléaire iranien et la brouille avec la Turquie. A cela s’ajoute la nécessité de protéger les gisements de gaz offshore de Tamar et Léviathan, qui, découverts à 130 km au large d’Haïfa et dont la soveraineté est contestée par le Liban, permettraient de couvrir 70% des besoins israéliens en électricité.

Aussi, et après avoir, dans un premier temps, été dans le sens de la commission Trajtenberg en se déclarant favorable à une baisse des dépenses militaires pour financer des réformes sociales, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a changé d’avis. Et au lieu d’annoncer des coupes de 500 millions de dollars dans le budget alloué à Tsahal, il a au contraire fait savoir, le 8 janvier, que ce dernier augmenterait de 700 millions de dollars.

« J’ai réfléchi à cette question, mais au vu de ce qui se passe dans la région, je suis parvenu à la conclusion qu’une réduction du budget de la défense constituerait une erreur, voire une grosse erreur » a ainsi expliqué Benyamin Nétanyahou. « Toute personne sensée voit ce qui se passe autour de nous (…) tous ces changements ont des conséquences stratégiques pour la sécurité nationale de l’État d’Israël, pour notre capacité à faire face à de nouveaux défis et à l’instabilité » a-t-il ajouté. « Tsahal (l’armée israélienne) est le bouclier du pays, c’est pourquoi il faut augmenter ses moyens » a-t-il conclu.

En échange de cette hausse, le Premier ministre israélien a indiqué que le ministère de la Défense sera contraint de respecter le principe de « transparence », ce qui permettra au gouvernement, selon lui, de « suivre la gestion du budget ». « Dans le passé, nous découvrions les choses en retard, désormais, nous en prendrons connaissance en temps réel », a-t-il fait valoir.

Par ailleurs, les mesures sociales préconisées par la commission Trajtenberg seront aussi financées. Mais au lieu de prendre sur le budget de Tsahal, ce seront les autres ministères qui devront se serrer la ceinture afin de maintenit le déficit budgétaire à une niveau raisonnable.

En 2011, le budget du ministère israélien de la Défense s’est élevé à 11 milliards de dollars, montant auquel il faut ajouter une aide américaine de 3 milliards. Pour cette année, Washington a d’ores et déjà annoncé que 235 millions seraient accordés à Israël pour financer des programmes de défense antimissile, notamment l’Arrow III et la « Fronde de David ». Et il est aussi question que l’armée américaine cède à Tsahal 2.500 véhicules (Hummer, camions et autres blincés) ayant servi en Irak et en Afghanistan.

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