Afghanistan : L’ISAF affirme avoir saisi des quantités « incroyables » de drogue en 2011

En 2010, la production d’opium, principale ressource de l’Afghanistan, a chuté de 50%, à cause d’un champignon parasite qui a affecté les cultures de pavot. Pour autant, cette baisse importante n’a pas eu de conséquences sur les recettes tirées du trafic des produits opiacés, les prix ayant dans le même temps augmenté de 164%.

Ce qui fait que, cette année là, et selon un rapport du Sénat américain, 1,6 millions d’Afghans ont bénéficié de revenus liés au trafic de drogue, lequel a rapporté 2,5 milliards de dollars, soit un tiers du produit intérieur brut de l’Afghanistan. Et parmi les bénéficiaires, l’on trouve les insurgés, notamment les taliban, qui y voient un moyen de financer leurs opérations.

Le trafic d’opium afghan demeure un problème majeur, non seulement pour la situation sécuritaire en Afghanistan, mais aussi en Europe occidentale et en Russie, où ces produits opiacés sont principalement écoulés. En France, 300 personnes meurent chaque année pour s’être injecté de l’héroïne, drogue fabriquée à partir de l’opium. Et ce bilan atteint les 10.000 à l’échelle de l’ensemble des pays de l’Otan.

Et, d’après les derniers chiffres du Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), la production d’opium afghan est nettement repartie à la hausse en 2011, notamment dans l’est du pays où les surfaces dédiées à la culture du Pavot ont augmenté de 269%. Toujours d’après la même source, il est estimé que le trafic d’opiacés pourrait rapporter 700 millions de dollars à l’insurrection afghane.

C’est donc dans ce contexte que la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous le commandement de l’Otan, a livré des statistiques portant sur les saisies de drogue effectuées dans le pays.

« Les forces de sécurité afghanes, avec leurs partenaires de l’ISAF, ont saisi des quantités incroyables de drogues illicites et de matériel y étant lié en 2011 par rapport à 2010 », a ainsi affirmé, le 2 janvier, le général allemand Carsten Jacobson, le porte-parole de la coalition.

Ainsi, d’après l’officier, les saisies d’opium ont augmenté de 13% et celles de hashish de 59%. Mais les plus spectaculaires, du moins en apparence, sont celles de marijuana et de morphine, avec des progressions respectives de +1.208% et de +10.113%.

« Le trafic de stupéfiants a été un facteur clé de financement pour les insurgés, mais cette source de revenus diminue », a estimé le général Jacobson. « Les opérations anti-drogue perturbent avec succès les capacités des insurgés à transformer l’opium en héroïne. Nous continuerons à étrangler leurs revenus générés par la vente de drogues illicites en 2012 », a-t-il encore poursuivi.

Cela étant, les quantités saisies n’ont pas été précisées. Et au vu de l’ampleur du phénomène en Afghanistan, pays qui fournit 90% de la production mondiale d’opium, il doit certainement y avoir encore de la marge pour améliorer ces résultats. Et pour y mettre un terme, il n’est évidemment pas possible de passer ces cultures de pavot au défoliant quand l’on veut conquérir « les coeurs et les esprits ». D’où les tentatives de convaincre les paysans afghans de se lancer dans les cultures vivrières. Mais il est certain que ces dernières ne leur rapporteront jamais autant que celle de l’opium…

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