Les tirs de l’Otan au Pakistan seraient le résultat d’un enchaînement d’erreurs

Que s’est-il vraiment passé, ce 26 novembre, à la frontière pakistano-afghane? Ce jour-là, au cours d’une opération menée conjointement par l’armée nationale afghane et des commandos américains, des appareils de l’Otan ont ouvert le feu sur des positions tenues par l’armée alors que leurs équipages croyaient avoir affaire avec des insurgés afghans.

Bilan : 24 soldats pakistanais tués et la décision d’Islamabad de bloquer les convois logistiques destinées aux forces de la coalition internationale déployée en Afghanistan passant par son territoire et boycotter la conférence de Bonn concernant la situation afghane..

Même s’il y a eu, par le passé, des incidents identiques, l’Otan et les Etats-Unis avaient arrondi les angles en présentant leurs excuses aux autorités pakistanaises. Seulement, pour ce qui concerne celui du 26 novembre, le président Obama a refusé d’entreprendre une telle démarche. Du moins tant qu’un rapport d’enquête n’aura pas établi les responsabilités. Et cela vient d’être fait.

En effet, selon les conclusions des investigations menées par l’armée américaine avec le concours de l’Otan mais sans celui du Pakistan, les tirs en question seraient la conséquence « d’une série d’erreurs » commises « des deux côtés », qui « ont échoué dans la coordination de leurs actions et de leurs localisations, à la fois avant l’opération et au cours de l’engagement ».

Dans un communiqué, l’Otan explique que « l’action » de ses forces « était légitime » et « conforme aux lois du conflit armé » et à ses « règles d’engagement ». Et de préciser que « des mesures ont été prises immédiatement pour réduire le risque d’une répétition d’incidents similaires à l’avenir », notamment en améliorant « la coordination avec l’armée pakistanaise ».

Selon le scénario mis en lumière par cette enquête, les forces afghanes et américaines ont été la cible de « tirs intenses d’armes lourdes et de mortiers », ce qui les a contraintes de demander un appui aérien. Les appareils de l’Otan ont alors fait feu en « situation de légitime défense » contre « des forces non identifiées ».

Première erreur, imputable à la coalition : lorsque la Force internationale d’asssistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, a demandé à l’armée pakistanaise si elle avait des troupes dans le secteur concerné, elle lui a communiqué des coordonnées géographiques erronées, de telle sorte que la réponse reçue ne pouvait qu’être négative.

Seconde erreur, du fait cette fois, de l’armée pakistanaise : elle n’aurait pas préalablement informé l’ISAF de l’existence d’un nouveau poste-frontière dans la zone où les tirs ont eu lieu, ce qui aurait dû être fait bien avant la méprise des appareils de l’Otan.

Le général américain Stephen Clark, en charge de l’enquête, a estimé que cette affaire s’explique par le « manque de confiance général » mutuel entre l’Otan et l’armée pakistanaise, cette dernière étant fortement soupçonnée d’instrumentaliser les insurgés afghans à son profit.

Quoi qu’il en soit, le Pakistan , où des tensions entre le pouvoir civil et les militaires se font de plus en plus vive, a fait savoir qu’il n’approuve pas les conclusions de cette enquête. Jusqu’à ptésent, l’armée pakistanaise a réfuté le fait que ses soldats soient à l’origine des tirs ayant visé les forces afghanes et américaines et a accusé ces dernières d’avoir commis une action délibérée contre son poste-frontière. « Une réponse détaillée sera apportée après réception du rapport officiel » a-t-elle indiqé, par voie de communiqué.

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