L’avenir de l’US Navy d’ici 2025

L’amiral Jonathan Greenert, qui est le chef des opérations de l’US Navy, a détaillé les défis qui attendent la marine américaine à l’horizon 2025 dans un article publié par l’US Naval Institute’s Preceedings.

Alors que les économies susceptibles d’être demandées au Pentagone font craindre au secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, que la taille de l’US Navy soit équivalente à ce qu’elle était en 1915, les points chauds ne manqueront pas dans les années qui viennent : il faudra en effet garantir la sécurité des voies maritimes ouvertes par la fonte des glaces en Arctique, empêcher un éventuel blocus du détroit d’Ormuz par l’Iran et surveiller de près la zone Asie-Pacifique, où la montée en puissance de la Chine dans le domaine militaire inquiète d’autant plus qu’elle est impliquée dans plusieurs différends territoriaux dans la zone, notamment en mer de Chine du Sud.

L’amiral Jonathan Greenert n’a pas désigné d’adversaires potentiels dans son article, mais l’Iran ou la Chine y apparaissent en filigrane, surtout quand il évoque l’accroissement des capacités d’interdiction de zone maritime (A2/AD) auxquelles la marine américaine aura à faire face.

Pouvant être considérées comme défensive, ces capacités permettent à un Etat qui les possédent d’intimider ses voisins en menaçant de bloquer un carrefour maritime clé, ce qui retarderait ou empêcherait une éventuelle intervention américaine. Conséquence : les pays avec qui il a un différend territorial, par exemple, sont placés devant le fait accompli et n’ont plus qu’à capituler et abandonner leurs revendications.

L’interdiction d’une zone maritime passe par la mise au point de nouvelles armes (missiles anti-navires hypersoniques, entre autres),  de systèmes de détections, la pose de mines et le déploiement de bâtiments et de moyens aéronavals, comme le fait actuellement la Chine.

Pour prendre en compte cette menace, l’US Navy doit, selon l’amiral Greenert, porter ses efforts sur plusieurs axes. Pour palier à l’accroissement des capacités de détection d’éventuels adversaires, ainsi que l’augmentation de la précision de leurs armes, l’amélioration de la furtivité de ses systèmes d’armes (navires, avions, drones) est une priorité, de même que le maintien de ses moyens en matière de guerre électronique et de cyberguerre, afin de rendre inopérant, par exemple, les radars adverses.

Par ailleurs, en plus d’acquérir des munitions plus sophistiquées et encore plus précises, la marine américaine aura à conserver les capacités de ses forces navales sous-marines et investir dans les drones, aériens et sous-marins, à des fins de renseignement, voire de déminage pour les appareils mis en oeuvre depuis des submersibles.

Enfin, pour prévenir d’éventuels conflits et être en mesure, le cas échéant, d’intervenir rapidement et alors que ses moyens seront limités, l’amiral Greenert a estimé que « la Marine aura besoin d’approches innovantes (…) pour répondre aux inquiétudes grandissantes concernant la liberté en mer ».

« Parce que nous ne pourrons probablement pas supporter le coût financier et diplomatique qu’entraîneraient de nouvelles bases à l’étranger, la flotte en 2025 dépendra de ports de pays hôtes », a-t-il affirmé, en s’appuyant sur l’exemple de Bahreïn, où est pré-positionnée la Ve Flotte américaine.

Et là encore, c’est la zone Asie-Pacifique qui semble préoccuper le plus l’officier puisqu’il a évoqué la présence de l’US Navy dans cette région. Aussi, il a évoqué le déploiement de « nouvelles frégates de combat » à Singapour, où l’armée américaine dispose déjà de certaines facilités, ainsi que l’envoi d’avions de surveillance maitime P-8A Poseidon aux Philippines et en Thaïlande pour traquer des sous-marins.

Pour le moment, les Etats-Unis ont déjà annoncé leur intention de déployer 2.500 Marines à Darwin, en Australie, en vertu d’un accord de défense conclu avec Camberra, lequel prévoit également des facilités pour les navires de l’US Navy. Cela avait d’ailleurs été critiqué par Pékin. Et il faut encore y ajouter la présence de 70.000 militaires américains au Japon et en Corée du Sud.

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