Un groupe islamiste pakistanais accusé d’être l’auteur des attaques contre la communauté chiite afghane

La population afghane compte environ 20% de chiites, principalement issus de l’éthnie des Hazaras. Et le 6 décembre, au lendemain de la conférence internationale organisée à Bonn devant se prononcer sur l’avenir de l’Afghanistan, cette communauté a été la cible de deux attaques particulièrement meutrières, lors de l’Achoura, qui commémore le martyr de l’imam Husayn et de 72 membres de sa famille, assassinés au VIIème siècle à Kerbala (Irak) par le califat omeyyade.

Ainsi, à Kaboul, une première attaque suicide a fait 55 morts, dont un ressortissant américain, lors d’une procession chiite, aux abords d’une mosquée. Dans le même temps, une bicyclette piégée a tué 4 pélerins qui se rendaient vers un sanctuaire situé à Mazar-e-Sharif, dans le nord de l’Afghanistan.

Il s’agit des premières attaques ayant visé spécifiquement la communauté chiite du pays en dix ans. Toutefois, lorsque les taliban étaient au pouvoir à Kaboul, cette dernière avait été la cible de violences. Ce qui avait tendu, à l’époque, les relations entre l’Afghanistan et l’Iran.

Cela étant, le mouvement taleb a condamné les attaques du 6 décembre. Il faut dire qu’il n’est pas dans son intérêt de se livrer à de telles actions, lesquelles sont de nature à renforcer les groupes de l’ancienne Alliance du Nord, qui lui sont hostiles. Alors, qui est responsable de ce massacre?

Selon les confidences faites à l’AFP par un responsable afghan, le kamikaze à l’origine de l’attentat commis à Kaboul serait orginaire du district de Kurram, situé dans les zones tribales pakistanaises frontalières avec l’Afghanistan et où différents groupes radicaux ont établi leurs bases.

« Il est lié au Sipah-e-Sahaba (SSP) », a indiqué ce responsable, qui a par ailleurs accusé les services de renseignement pakistanais (ISI, Inter Services Intelligence) de soutenir cette organisation en vue de « déclencher des violences sectaires en Afghanistan ».

De la scission du SSP, créé au Pakistan dans les années 1980, est né, une dizaine d’années plus tard, le Laskar-e-Jangvi (LeJ), un groupe radical armé connu pour s’en prendre régulièrement à la communauté chiite pakistanaise. C’est précisément ce mouvement qui a été accusé le président afghan, Hamid Karzaï , d’avoir commis les attaques de Kaboul et de Mazar-e-Sharif.

Le LeJ, fort d’au moins 500 militants, est officiellement interdit au Pakistan. L’on sait qu’il a eu des liens très étroits avec al-Qaïda, du moins jusqu’à la mort, en 2002, de son fondateur, Riaz Basra. Il aurait également des relations avec les taliban pakistanais (TTP), le Mouvement islamique d’Ouzbekistan, le Harkat-ul-Mujahideen et le Jaish-e-Mohamed (JeM).

Par ailleurs, le LeJ a combattu l’Alliance du Nord afghane, ce qui fait qu’il a été un allié du mouvement taleb pakistanais. Enfin, le nom de cette organisation a été cité dans l’affaire de l’attentat de Karachi, où 11 employés de DCNS furent tués, en mai 2002.

Parmi les autres actions qui lui ont été attribuées, l’on trouve l’attentat commis contre une église protestante d’Islamabad, en mars de la même année, une participation dans l’assassinat de Benazir Bhutto, en décembre 2007 ainsi que l’attaque ayant visé l’équipe nationale de cricket du Sri Lanka, en mars 2009.

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