Défense antimissile : L’Otan et la Russie peinent toujours à s’entendre

La défense antimissile continue de diviser la Russie et l’Otan, qui ne sont toujours pas trouvé un terrain d’entente au sujet de cette question, à l’issue d’un Conseil qui s’est tenu ce 8 décembre à Bruxelles.

Pourtant, il y a un peu plus d’un an, la Russie avait été invité à participer à la mise sur pied du bouclier antimissile de l’Otan, lequel repose essentiellement sur des moyens américains. Seulement, les négociations visant à définir les modalités de la contribution russe à ce système ont tourné court, la demande de Moscou de prendre en charge les missiles balistiques éventuellement lancés sur l’Europe ayant été refusée.

Pour l’Otan, cette coopération avec la Russie ne devait se limiter qu’à des échanges d’informations et à des procédures d’alertes mutuelles. Or, pour Moscou, ce bouclier antimissile est perçu comme une atteinte à la crédibilité de sa force de dissuasion et les installations nécessaires à ce système dans des pays appartenant à son ancienne zone d’influence du temps du Pacte de Varsovie ou étant situés à proximité de ses frontières, n’est pas acceptable.

Du coup, la Russie a menacé de reprendre la course aux armements et de déployer des missiles balistiques de courte portée Iskander dans l’enclave de Kaliningrad et de suspendre l’application du nouveau traité de désarmement START conclu avec peine avec les Etats-Unis.

Pourtant, il suffirait seulement que la Russie obtienne des garanties écrites de la part de l’Otan stipulant que le déploiement du bouclier missile ne la vise pas spécialement. Or, jusqu’à présent, les seules garanties obtenues par Moscou n’ont été faite qu’oralement.

Et manifestement, les Russes n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient à l’occasion de ce Conseil Otan-Russie qui s’est tenu ce jour. « Nous demandons des garanties claires à l’Otan que ce système de défense antimissile ne visera pas nos capacités stratégiques » a répété Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. « On nous dit ‘il n’y a rien à discuter. Nous avons trouvé la formule idéale. Mais ne vous inquiétez pas : ce n’est pas dirigé contre vous’ Cela ne nous satisfait pas » a-t-il ajouté. D’autant plus que, selon lui, le radar d’alerte avancée qui sera installée en Turquie « poourra couvrir une grande partie du territoire russe ».

Qui plus est, Sergueï Lavrov a mis dans la balance les coopérations que mène actuellement son pays avec l’Otan, notamment au sujet de l’Afghanistan. Là, c’est l’autorisation accordée par Moscou au passage, sur son territoire, de la logistique destinée à l’ISAF, qui pourrait en faire les frais. Et avec le blocage des convois de ravataillement de la coalition par le Pakistan, la situation deviendrait plus que délicate.

Alors, dans ces conditions pourquoi l’Otan refuse de donner ces garanties écrites à la Russie et se contente de déclarations rassurantes sur ses intentions au sujet de son bouclier antimissile?

En premier lieu, il s’agit pour l’Alliance de se ménager une certaine marge de manoeuvre stratégique. Qui sait comment évoluera la situation politique en Russie dans les prochaines années ou encore quelles seront ses prises de positions futures?

D’autre part, une garantie écrite étant contraingnante juridiquement, il faudrait qu’un tel document soit ratifié par l’ensemble des Etats membres de l’Alliance atlantique. Et compte tenu des rapports souvent houleux que la Russie entretient avec ses anciens pays satellites, qui ont rejoint le camp occidental depuis la chute de l’URSS, il n’est pas gagné d’avance, loin s’en faut, que ce texte soit adopté à l’unanimité. Autrement dit, le mettre maintenant sur la table ne servirait pas à rien.

Pour le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui a accordé un entretien au Figaro, l’adpotion de telles garanties écrites serait « compliquée » et « n’ajouterait rien à la valeur d’un engagement politique ». Et d’estimer que « la meilleure garantie pour la Russie est de s’engager positivement à plus de coopération avec nous ».

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