Un scénario pour expliquer la dernière « bavure » de l’Otan au Pakistan

Pour le moment, l’administration Obama refuse de présenter des excuses au Pakistan pour la frappe réalisée le 26 novembre par des appareils de l’Otan, lors d’un accrochage avec des insurgés afghans et au cours de laquelle 24 soldats pakistanais ont perdu la vie.

Suite à cet incident, Islamabad a bloqué les convois logistiques de l’Otan qui transitent par son territoire, annulé sa participation à la conférence de Bonn, qui doit évoquer l’avenir de l’Afghanistan, et menacé de revoir sa coopération en matière de lutte contre le terrorisme.

« Au nom de la Maison Blanche et du président, j’ai exprimé des condoléances de sa part, de celle de l’administration et de celle des Américains pour ces vies perdues. C’était une tragédie » ainsi déclaré Jay Carney, le porte-parole de la présidence américaine, lors du point de presse du 1er décembre. Mais toute idée d’excuse est écartée.

« Nous sommes au tout début d’une enquête pour savoir ce qui s’est passé. Donc je pense que des expressions de condoléances pour ces vies tragiquement perdues transmettent des sentiments sincères (…) et répondent à l’importance de la relation que nous entretenons avec le Pakistan » a-t-il expliqué.

D’après le New York Times, les conseillers du président Obama et le Pentagone ne souhaitent pas que le locataire de la Maison Blanche fasse des excuses publiques, à l’inverse du département d’Etat, pour qui ces dernières seraient nécessaires afin d’éviter une rupture entre Washington et Islamabad.

Il faut dire que les circonstances de cette « bavure » ne sont pas encore exactement établies et si l’on en croit les dernières révélations du Wall Street Journal concernant cette affaire, l’armée pakistanaise aurait des choses à se reprocher.

Ainsi, d’après le quotidien économique, qui s’appuie sur des déclarations d’officiels, des troupes afghanes, soutenues par un commando américain, était en train de pourchasser des insurgés le long de Ligne Durand, quand elles ont été prises à partie par des tirs venant du territoire pakistanais.

Les commandos ont alors demandé un appui aérien, croyant avoir maille à partir avec des insurgés afghans réfugiés de l’autre côté de la frontière. Même si les militaires américains rechignent à prévenir leurs homologues pakistanais des opérations qu’ils ont planifiés, notamment à cause de fuites, celle en question a pourtant fait l’objet d’une communication auprès d’un centre de surveillance et de coordination conjoint afin de vérifier l’absence de soldats de l’armée pakistanaise dans le secteur.

Apparemment, ce dernier ignorait la présence de soldats pakistanais, qui venaient d’installer un campement temporaire dans la zone de l’opération americano-afghane, au moment de donner son feu vert aux frappes aériennes.

Et pour corser le tout, les responsables américains affirment qu’au moins un des hélicoptères engagés ce jour-là a été la cible de tirs en provenance de ce camp provisoire de l’armée pakistanaise. Aussi, l’explication selon laquelle les soldats pakistanais auraient ouvert le feu sur des insurgés afghans ne peut pas être avancée.

« Si vous entendez des hélicoptères américains, pourquoi lanceriez vous des obus de mortiers et tireriez-vous avec des armes automatiques? Les Pakistanais peuvent dire qu’ils pensaient qu’il s’agissait d’insurgés, sauf que les Taliban n’ont pas d’hélicoptère » a expliqué un responsable interrogé par le Wall Street Journal.

Cette version des faits s’appuie sur les témoignages des commandos américains ayant pris part à cette opération. En attendant, le rapport officiel concernant cet incident devrait être prêt d’ici le 23 décembre prochain.

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