Moscou met en service un radar d’alerte avancée dans la région de Kaliningrad

La Russie a mis en service, le 29 novembre, dans la région de Kaliningrad, un secteur russe enclavé entre la Pologne et la Lituanie, un nouveau radar d’alerte avancée appelé « Voronej-DM ».

Selon le ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, ce système de détection « aura une portée d’environ 6.000 kilomètres et pourra contrôler simultanément jusqu’à 500 cibles », ce qui permettra de contrôler le ciel européen jusqu’à l’Atlantique.

D’après le commandant des troupes russes de défense aérospatiale, le général Oleg Ostapenko, deux autres systèmes de détection du même type mais diposant de capacités supérieures devraient être prochainement activés à Armavir (territoire de Krasnodar) et à Oussolié-Sibirskoïe, dans la région d’Irkoutsk.

Par ailleurs, le 18 novembre dernier, Anatoli Serdioukov a fait savoir que la Russie compte conserver la station radar d’alerte avancée située à Gabala, en Azerbaïdjan, et pour laquelle Moscou est en négociation avec Bakou. « Nous avons besoin de cette station vitale et nous voulons la moderniser en station de nouvelle génération » de moindre superficie, a-t-il affirmé, selon l’agence Itar-Tass. « Nous souhaitons le faire de manière à pouvoir observer le programme (de missiles) iranien » a-t-il aussi précisé.

Activée en 1985, la station de Gabala est restée dans le giron russe après la fin de la guerre froide, sans pour autant avoir été modernisée depuis. En 2002, Moscou et Bakou se sont mis d’accord sur un bail d’une durée de 10 ans pour un loyer annuel de 7 millions de dollars. Des négociations sont actuellement en cours pour prolonger cette location jusqu’en 2025 mais les discussions bloquent sur la hausse de la redevance exigée par l’Azerbaïdjan, qui réclamerait désormais 15 millions de dollars par an.

Cela étant, la mise en service du radar Voronej-DM à Kaliningrad fait suite à une autre déclaration faite le 22 novembre par le ministre Serdioukov, qui a assuré que les troupes de défense aérosparatiale russes, dont la création sera effective le 1er décembre, seront en mesure « d’intercepter toutes les cibles, même celles se déplaçant à des vitesses supersoniques, que ce soit dans les airs ou dans l’espace ». Ces propos visent les projets américains en la matière, en particulier le programme Conventional Prompt Global Strike (CPGS, frappe conventionnelle globale rapide), lancé en 2001 par le Pentagone.

Quoi qu’il en soit, l’inauguration de ce nouveau radar a été l’occasion, pour le président russe, Dmitri Medvedev, d’aborder à nouveau la question du bouclier antimissile de l’Otan, qui, pour Moscou, porterait atteinte à la crédibilité de sa force de dissuasion dans le cas où la Russie n’aurait pas l’opportunité d’y contribuer, comme cela lui avait été pourtant proposé lors du sommet de l’Alliance atlantique de Lisbonne, en novembre 2010.

Or, les négociations sur ce dossier sont bloquées, l’Otan souhaitant limiter cette coopération à des échanges d’informations et à la mise en place de procédures d’alertess mutuelles alors que Moscou voudrait prendre en charge la destruction d’éventuels missiles survolant les territoires qu’elle surveille. Ce statu-quo explique la récente menace faite par le président Medvedev de déployer des missiles Iskander dans l’enclave de Kaliningrad.

Mais cette foi, le locataire du Kremlin a adopté un ton plus conciliant. « En soi, cette station ne représente pas une menace contre nos voisins. Sa création ne ferme la porte ni au dialogue, ni aux discussions que nous menons » a-t-il affirmé. « Dès à présent nous sommes prêts à utiliser conjointement avec nos partenaires les capacités uniques de cette station afin de contrer les éventuelles menaces que représentent les missiles » a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]