Retour sur l’apport des hélicoptères de l’ALAT dans l’affaire libyenne

Le dernier numéro de la revue trimestrielle Marine & Océans, éditée par l’association des officiers de réserve de la Marine nationale (ACORAM), est entièrement consacrée à l’opération Harmattan, menées par les forces françaises dans le cadre de l’intervention militaire en Libye dirigée par l’Otan.

Cette publication donne la parole aux acteurs de l’opération Harmattan et livre les premières analyses que l’on peut tirer de ce conflit. Mais c’est surtout la dimension interarmées de cette intervention qui est ainsi mise en valeur, ce qui, par ailleurs, rend désuet les traditionnelles guerres de boutons entre les aviateurs, les marins et les terriens.

Et la mise en oeuvre du groupe aéromobile de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) depuis un Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) de la Marine nationale, avec le soutien de commandos de l’armée de l’Air du CPA 30 à bord d’hélicoptères de manoeuvre pour la récupération et le sauvetage au combat (RESCOP), prêts à intervenir en cas de coup dur, en est l’exemple le plus abouti.

Le colonel Pierre Meyer, le chef de corps du 3ème Régiment d’Hélicoptères de Combat (RHC) a ainsi donné, à Marine & Océans, le déroulement des missions effectuées par les appareils de l’ALAT. Ces derniers ont été engagés en Libye dès le 4 juin dernier. Et comme l’a souligné le philosophe Bernard-Henri Levy, dans son dernier livre qui revient sur l’affaire libyenne (ndlr, « La guerre sans l’aimer« ), il y aurait dû y avoir un effet de surprise s’il n’y avait pas eu de fuites

Premier point à souligner : la liberté d’appréciation, tout en respectant les règles d’engagement, laissée aux commandants de bord des hélicoptères d’attaque engagés. Ces derniers ont bénéficié « d’une délégation (cockpit delegation) » qui leur « permettait d’ouvrir le feu » à leur initiative.

« Nous n’utilisons par l’hélicoptère comme un simple vecteur délivrant une munition sur un objectif prédeterminé. Le chef sur le terrain adapte sa manoeuvre à la réalité de la situation ennemie » a expliqué le colonel Meyer.

Autre élément : les missions effectuées par les pilotes de l’ALAT n’ont rien eu d’une « promenade de santé à 350 millions d’euros », comme a osé l’affirmer un député des Landes… « Nous avons observé un adversaire particulièrement aguerri, bien commandé et qui a montré de fortes capacités de résilience. Les hélicoptères ont quasiment systématiquement été ciblés par des tirs d’armes légères, de mitrailleuses ou de canons antiaériens » a fait savoir le chef de corps du 3ème RHC.

Au total, les hélicoptères de l’ALAT ont détruit 550 objectifs en une quarantaine de raids, en évoluant de nuit afin de réduire leur vulnérabilité et très près du sol. Leur engagement a été déterminant parce que le terrain s’y prêtait : les combats entre les révolutionnaires et les forces pro-Kadhafi ayant eu lieu dans des villes situées près des côtes.

Cela étant, pour le colonel Meyer, l’intervention du groupe aéromobile est « un succès technique et tactique indéniable ». Et de poursuivre : « En l’absence de troupes de la coalition au sol, les hélicoptères de combat de l’ALAT ont participé à la rupture tactique, c’est à dire à faire effondrer les principaes lignes offensives adverses, à Brega, Misrata, Tripoli et enfin Syrte. Cette projection de puissance à partir de la mer a démontré toutes les capacités d’adaptation des équipages de l’ALAT ».

Pour se procurer la revue : Marine & Océans – oct-nov-déc 2011 – 8 euros

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