Rafale/Emirats : Boeing en remet une couche

Alors que l’on vient d’apprendre que les Emirats arabes unis ont demandé au consortium européen Eurofighter de préparer une offre dans le cadre de leur projet d’acquérir 60 avions de combats destinés à remplacer les Mirage 2000-9, le président de la branche défense de Boeing a opportunément rappelé, en marge du salon aéronautique de Dubaï, que son groupe avait également été sollicité pour donner des renseignements sur le F-18 Super Hornet (ce que l’on savait déjà) et le F-15. Et d’évoquer une « compétition ouverte lancée par le pays », alors qu’Abou Dhabi est en négociation avec Paris pour l’achat, de gré à gré, de Rafale.

Qui plus est, Boeing a annoncé avoir conclu deux accords avec des entreprises émiriennes. Le premier concerne Strata Manufacturing, appelée à devenir un fournisseur du constructeur américain sous réserve d’atteindre des objectifs de compétitivité fixés par une « feuille de route ». Le second a été passé avec le groupe étatique Mubadala Aerospace Company. Là, il s’agit de confier à ce dernier la maintenance des Apache, des Chinook et des C-17 fournis aux Emirats par la firme de Seattle.

De son côté, Lockheed-Martin a déjà indiqué être aussi dans la course, avec la dernière version du F-16, avec l’espoir de placer, plus tard, le F-35. Il ne manque plus que le Gripen de Saab, comme ça, tout le monde aura eu voix au chapitre.

Cela dit, quand les négociations avec la France battent de l’aile, les Emirats arabes unis font mine d’aller voir ailleurs pour trouver une alternative au Rafale. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont fait en demandant des informations sur le F-18, après avoir pris ombrage d’un article publié par le Figaro en juin 2010 et dans lequel était révélé leurs liens avec Israël dans le domaine de la sécurité. Ou encore quand il s’est agi de négocier des vols supplementaires à destination de Paris pour Etihad Airways et Emirates.

Et l’offre demandée au consortium Eurofighter – qui n’a pas fait l’objet de commentaires de la part des Emirats – est peut-être lié à des cafouillages au sein de la partie française, comme l’a souligné le quotidien La Tribune. Et, par ailleurs, le prince héritier d’Abu Dhabi, le Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, aurait été furieux après une visite faite en septembre à Paris car il n’aurait pas obtenu ce qu’il était venu chercher, à savoir des engagements sur un « prix raisonnable » et la prise en charge par la France d’une partie des coûts « non récurrents du Rafale ».

Cela étant, les responsables français restent confiants. D’une part, les Emirats arabes unis ont déjà fait le coup de solliciter plusieurs constructeurs aéronautiques lorsqu’ils souhaitaient acquérir le Mirage 2000-9. Et la reprise de ces derniers est un élément clé du dossier. L’on voit mal Boeing ou Eurofighter se muer en vendeur d’un appareil développé par Dassault Aviation. Tout est possible dans ce bas monde. Mais quand même.

Aussi, une des principales hypothèses avancées pour expliquer cette demande d’offre auprès du consortium Eurofighter consiste à dire que les Emirats cherchent à faire baisser le prix du Rafale. Et pour acheter une Ferrari au prix d’une 2 CV, ils savent faire, surtout avec les négociateurs français. Et sans doute ont-ils en mémoire le cas du char Leclerc…

Bien que très performant, ce dernier n’avait pas trouvé preneur à l’étranger, sauf, justement, aux Emirats arabes unis. Et à force de vouloir vendre à tout prix, l’on peut se retrouver dans une situation délicate. C’est ce qui est précisément arrivé à Giat Industries (aujourd’hui Nexter), qui en a été de sa poche pour 1,3 milliards d’euros.

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