De nouvelles révélations sur le raid ayant visé Ben Laden

Dans les jours qui ont suivi l’opération Neptune Spear, c’est à dire le raid mené le 2 mai dernier, contre la cache d’Oussama Ben Laden au Pakistan par la Navy Seal Team 6 (encore appelée Naval Warfare Development Group, DevGru), les responsables américains de la défense et du renseignement ont cherché à mettre le couvercle sur les détails de cette mission afin d’éviter l’inflation de commentaires faits par des officiels et aussi pour ne pas livrer des informations pouvant donner des indications sur le mode opératoire des forces spéciales.

Peine perdue! Un ancien commandant du DevGru, Chuck Pfarrer, a pu interroger les membres de l’équipe qui ont participé à cette mission, ce qui a donné un livre, intitulé « Seal Target Geronimo: The Inside Story of the Mission to Kill Osama bin Laden« , qui vient de paraître. Il s’agit, avec leurs témoignages, de remettre les pendules à l’heure après les versions qui ont été données par les responsables de l’administation Obama après l’opération Neptune.

1- L’équipe du DevGru, issue de l’escadron Rouge, a reçu pour cette mission le nom de code Jedi. L’opération a été préparée avec une reproduction du complexe où s’était caché l’ancien chef d’al-Qaïda, surnommé « Bert », en référence à la série américaine Sesame Street (1 rue Sesame pour la France), son second, Ayman al-Zawahiri étant appelé « Ernest ».

2- L’opération Neptune Spear s’est déroulée sans couverture aérienne. Les Navy Seals comptaient sur un appui fourni par des avions F-18, ce que le président Obama a refusé afin de ne pas trop charger la barque avec le Pakistan.

3- Le fait d’opérer sans couverture aérienne a conduit à faire des choix. Et c’est là que l’on apprend que les hélicoptères furtifs BlackHawk, dont les photographies d’un exemplaire qui n’a pas pu repartir d’Abbottabad, ont circulé sur Net, ne sont pas les appareils les plus récents. Selon Chuck Pfarrer, l’équipe Jedi aurait dû utiliser des Ghost Hawk, des hélicoptères technologiquement encore plus avancé et dont l’existence est classifiée. Ils n’ont pas été engagés dans la mission, de crainte que l’un d’eux puissent tomber dans de mauvaises mains en cas de problème.

4- L’opération aurait dû avoir lieu le 30 avril, avant d’être finalement repoussée. Pour la réalisaer, l’équipe du DevGru a été scindée en deux : Razor 1 et Razor 2. Ces deux détachements, de 12 hommes chacun, ont pris place à bord des hélicoptères BlackHawk modifiés. Ces appareils ont été suivis, à 5 minutes près, par deux Chinook. Un avion de guerre électronique de type Prowler (E/A-6 ou E/A-18?) du porte-avions USS Carl Vinson a été engagé pour brouiller les radars pakistanais.

5- Le premier hélicoptère (Razor1) a pris position au-dessus du complexe de Ben Laden. Les commandos en sont alors descendus en rappel et ont atteint le 3ème étage. La première personne qu’ils ont vu a été Khaira, une des épouses de l’ancien chef d’al-Qaïda, qui a été facilement maîtrisée par un Navy Seal. Les choses se sont ensuite rapidement enchaînées : Ben Laden a risqué un coup d’oeil sur le couloir depuis la porte de sa chambre, qu’il a violemment refermé quand il a vu de quoi il s’agissait. Deux commandos l’ont suivi. Et c’est là qu’ils l’ont trouvé derrière sa plus jeune femme, Amal.

6- Le but de la mission était de capturer Ben Laden, pas de l’exécuter. « Si c’était une mission tuer vous n’avez pas besoin de la SEAL Team 6, vous avez besoin d’une boîte de grenades à main » a estimé Chuck Pfarrer. Cela étant, rien ne se passe jamais comme prévu. Le fondateur d’al-Qaïda n’était pas désarmé, comme cela a pu être dit : il s’apprêtait à prendre son fusil d’assaut (un AK-47) quand les commandos ont ouvert le feu. Son épouse a été blessée, dans un premier temps, à une jambe. Puis Ben Laden a été touché au sternum et à la tête. Cette action s’est passée 90 secondes après l’intrusion des Seals dans le complexe d’Abbottabad. Auparavant, l’un de ses fils, Khalid, alerté par l’agitation au 3ème étage du complexe, a été abattu au moment où il arrivait en courant par les escaliers.

7- Le second hélicoptère (Razor 2), s’est posé dans le même temps près de la maison d’hôte attenante au complexe, où logeait le messager de Ben Laden, al-Kuwaiti. Ce dernier a ouvert le feu sur l’appareil. La riposte a été immédiate : il a été tué, de même que la femme qui se tenait derrière lui. Les hommes sont alors sortis de l’engin pour pénétrer au rez-de-chaussée de la cache du chef d’al-Qaïda. Un des gardes du corps de ce dernier a alors été abattu de deux balles.

8- Les Chinook sont alors arrivés sur place. Les Navy Seals ont alors pris le temps de prendre les photographies du cadavre de Ben Laden, ainsi que ses empreintes ADN, de charger la masse de renseignements à bord des hélicoptères.

9- Comme rien ne se passe vraiment jamais comme prévu, l’un des deux Blackhawk furtif a eu une panne électrique au moment de repartir et s’est écrasé, sans que son équipage ne soit touché. La photographie montrant l’équipe du président Obama dans la Situation Room de la Maison Blanche a été prise à ce moment là (d’où la tension que l’on peut voir sur les visages, dont celui d’Hillary Clinton, qui semble le plus expressif). Les images ont été transmises via un drone (sans doute le RQ-170 Sentinel, surnommé la « Bête de Kandahar). Les systèmes électroniques de cet hélicoptères, classés confidentiels, ont été détruits sur place.

10- En tout et pour tout, seulement 12 cartouches ont été tirées par les Navy Seals au cours de cette opération. Par conséquent, il n’y a pas eu de « fusillade prolongée » comme il a été laissé entendre. Par ailleurs, les hommes du DevGru n’ont pas, semble-t-il, apprécié l’annonce faite par le président Obama concenrant la mort de Ben Laden quelques minutes après la fin de la mission. « Aucun politicien au monde n’aurait résisté à l’envie de récupérer les lauriers d’une telle prise, mais en le faisant, il a dévalué notre travail » ont-ils estimé, selon le Daily Mail. Selon eux, les renseignements pris dans le complexe d’Abbottabad auraient ainsi perdu de leur valeur avec cette déclaration qu’ils ont jugée prématurée.

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