Pour le secrétaire général de l’Otan, la situation de l’Afghanistan s’améliore

Le dernier rapport concernant l’évolution de la situation en Afghanistan établi pour le Congrès américain fait état « d’énormes progrès » au cours des trois derniers mois. Le document note une baisse du niveau de la violence d’avril à septembre par rapport aux années précédentes, où elle était en augmentation constante.

Toujours d’après ce rapport, les forces de la coalition et l’armée afghane ont marqué des points contre les insurgés dans toutes les régions de l’Afghanistan, à l’exception des provinces de l’est, frontalières avec les zones tribales pakistanaises, où les réseaux insurgés trouvent à la fois refuge et soutien.

« Les incidents frontaliers ont augmenté durant la période considérée en raison du sanctuaire et du soutien que l’insurrection reçoit en provenance du Pakistan » y est-il écrit.

A noter que le texte souligne qu’al-Qaïda a été vaincue dans le pays. Etant donné que la présence du mouvement fondé par Ben Laden a été l’un des motifs de l’intervention américaine, cela donne un argument pour se retirer du pays la tête haute.

Cela étant, les auteurs du rapport se veulent prudents. « Bien que la sécurité continue de s’améliorer, les refuges de l’insurrection au Pakistan ainsi que la capacité limitée du gouvernement afghan restent les plus grandes menaces pour (…) la stabilité en Afghanistan » ont-ils écrit.

Seulement, les insurgés afghans ont perpétré récemment des attentats d’envergure, notamment à Kaboul. En fait, leur tactique consiste à s’attaquer à des symboles, ce qui sera repris et abondamment commenté, en particulier par la presse occidentale. Ils ont en effet compris, et depuis longtemps, que la bataille se jouait aussi sur le terrain médiatique, d’autant plus chaque groupe rebelle cherche à marquer son territoire afin de préparer l’après 2014, date à laquelle les troupes de Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) auront quitté le pays.

Une attentat dans le Panshir, région de l’Afghanistan qui a toujours résisté aux taliban et qui est restée tranquille depuis 10 ans? Et voilà que l’on peut lire dans certains commentaires qu’ils ont gagné en influence dans cette province, comme si un arbre cachait la forêt.

Autre exemple : l’attentat commis contre un bus de l’ISAF, le 29 octobre à Kaboul, qui a tué 9 militaires américains et 1 canadien, a été largement mis en avant, et à juste titre. Mais dans le même temps, pourquoi une opération menée la veille dans la province de Kunar et au cours de laquelle 11 insurgés ont été neutralisés et quinze autres faits prisonniers n’a-t-elle pas autant été relayée? Comment se fait-il qu’une précédente mission, qui a permis de mettre hors circuit près de 200 rebelles, n’a-t-elle pas fait autant de bruit?

« Ces attaques spectaculaires font les gros titres » mais « la situation d’ensemble est différente : le nombre d’attaques baisse et l’ennemi a été affaibli » a ainsi estimé Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan, au cours d’une conférence de presse donnée à Bruxelles, ce 3 novembre. Elles « ne permettent pas aux ennemis de l’Afghanistan de gagner du terrain ou de maintenir leurs positions » a-t-il ajouté.

Après avoir confirmé la baisse de 26% du nombre des attaques rebelles entre juillet et septembre par rapport à la même période de l’an dernier, Anders Fogh Rasmussen a affirmé que la priorité de l’Otan doit être « de maintenir une forte pression militaire sur le réseau Haqqani », le groupe insurgé qui est actuellement le plus actif qui « constitue une menace majeure pour nos soldats et le peuple afghan ».

D’après le secrétaire général de l’Otan, combatte le groupe Haqqani « est la meilleure stratégie pour faire en sorte que les réseaux insurgés et terroristes réalisent qu’ils doivent aller à la table des négociations ».

Toutefois, si la vision de la situation en Afghanistan est déformée par la publicité qui est faite autour des attaques commises par les insurgés, il ne faut pas non plus qu’elle le soit également par un optimisme excessif qui éviterait de considérer quelques tendances, comme par exemple l’infiltration des forces de sécurité afghanes par des éléments rebelles, la corruption de certaines élites à Kaboul ou encore le jeu du Pakistan et de l’Inde, qui fait du « royaume de l’insolence » un terrain d’affrontements entre ces deux puissances. En clair, il ne s’agit pas de voir le verre à moitié plein ou à moitié vide mais de constater ce qu’il contient exactement. Et ce n’est pas aussi simple.

La baisse du nombre des attaques constatées par l’Otan traduit probablement un avantage militaire sur le terrain. Mais elle peut être aussi la conséquence du retrait annoncé de la coalition internationale : les rebelles n’ont qu’à attendre que le fruit soit mûr, étant donné qu’ils ont le temps pour eux et que les Occidentaux ont la montre.

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