Le coup de poker d’EADS

La réduction des budgets militaires en Europe va peser lourdement sur les comptes d’EADS. Ainsi, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne ont l’intention de réduire leurs commande d’avions Eurofighter Typhoon, construit par un consortium dont le groupe européen d’aéronautique et de défense est actionnaire, avec BAE Systems et Finmeccanica.

Au total, ce sont 124 appareils qui ne seraient pas commandés, dont 37 rien que pour l’Allemagne, où d’autres programmes impliquant EADS et ses filiales sont concernés par des annulations. C’est notamment le cas des hélicoptères Tigre, conçus par Eurocopter, et NH90, développés par NH Industries, en partie détenu par l’hélicoptèriste.

Rien que les annulations de commandes d’Eurofighter provoquerait un manque à gagner de 9 milliards d’euros. De quoi faire tousser. Aussi, EADS voudrait tourner cette situation à son avantage en poussant son programme de drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) Talarion.

Comment? Selon le Financial Times Deutschland, le groupe européen renoncerait à réclamer aux gouvernements concernés des dommages-intérêts pour l’annulation de leurs commandes d’Eurofighter à la condition qu’ils achètent le drone Talarion, mis en mauvaise posture après le choix fait par Paris de privilégier une collaboration franco-britannique, portée par Dassault Aviation et BAE Systems avec le projet Telemos.

Lancé à la demande de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne, qui ont financé les études préliminaires, le Talarion est un drone capable d’évoluer à 670 km/h à 15.200 mètres d’altitude. Son développement mobilise 200 ingénieurs et, selon un rapport parlementaire, le coût global de ce projet serait de 2,9 milliards d’euros.

Considérant que le Talarion est en avance sur ses concurrents européens, EADS n’a pas l’intention de l’abandonner. D’où la signature, en mai dernier, d’un accord (memorandum of understanding, MoU) entre Cassidian (l’ex-EADS Defense & Security) et le groupe Turkish Aerospace Industries. Et pour que ce programme puisse continuer, le PDG du groupe européen, Louis Gallois, avait estimé, en juin dernier, qu’il était nécessaire de réunir 4 ou 5 pays afin de partager les coûts de développement.

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