Gérard Longuet aurait refusé une oeuvre d’art pour le futur « Balardgone »

En 2014, les différentes emprises occupées par le ministère de la Défense à Paris seront regroupées sur le site de Balard, dans une sorte de « Pentagone à la française ». Il s’agit d’une mesure emblématique de la réforme des armées, commencée en 2008.

Le projet, qui est financé dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP), a été confié au groupement Opale Défense, qui compte Bouygues, Thales, Sodexo, Dalkia, Exprim, la caisse des dépôts et des investisseurs privsés. Le coût de ce programme, pris en charge par l’entrepreneur, est évalué à plus de 600 millions d’euros. Le ministère de la Défense versera par la suite un loyer annuel de 100 à 150 millions d’euros pendant 27 ans, cette somme comprenant l’entretien, des services externalisés et les frais financiers de l’opération.

Après l’affaire de la piscine prévue pour ce vaste complexe – et qui a fait couler beaucoup d’encre, notamment en raison de son prix – voici maintenant celle de l’oeuvre d’art d’Emmanuel Saulnier, intitulée « Vivre Livre », et qui doit orner l’entrée du « Balardgone ».

Selon les plans de l’architecte Nicolas Michelin, dont le projet a été retenu pour le bâtiment principal, celui qui rassemblera le ministère et les états-majors, cette oeuvre, qui fait 8 mètres sur 4, consiste à disposer 185 tubes de verre sur une paroi d’acier gris clair, avec comme inscription la devise « Vive Libre », qui n’est pas sans rappeler celle du 27ème Bataillon de Chasseurs alpins, « Vivre Libre ou Mourrir », elle-même inspirée par le lieutenant Tom Morel et les maquisards du plateau des Glières.

En mars dernier, le projet d’Emmanuel Saulnier est adopté par les responsables chargés de suivre le dossier du Balardgone. Seulement, si l’on en croit le Nouvel Observateur, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, alors fraîchement nommé en remplacement d’Alain Juppé, ne semble pas convaincu.

Selon l’artiste, un proche du ministre lui aurait confié que pour ce dernier, la devise « Vivre Libre » lui évoquait un esprit « soixante huitard ». Et de refuser l’oeuvre en question.

C’est alors qu’une lettre de protestation signée par 10 artistes est adressée au président de la République, le 4 juillet. Au cours d’un entretien entre Catherine Pégard, conseillère du président Sarkozy, et d’Emmanuel Saulnier accompagné par Nicolas Michelin, il est convenu d’une rencontre avec le ministre de la Défense, lequel a assuré, quelques semaines plus tard, que ses proos avaient été « mal compris ». Depuis, l’affaire est bloquée. Le rendez-vous, initialement prévu en septembre, a été sans cesse reporté, avant d’être annulé.

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