Des sous-marins à propulsion nucléaire pour le Canada?

La semaine passée, le gouvernement canadien a attribué de gros contrats aux chantiers navals Halifax Shipyards et Vancouver Shipyards pour la construction d’une vingtaine de bâtiments de combats (25 milliards de dollars canadiens) et de 8 navires pour les garde-côtes.

Ce renouvellement de la flotte de surface de la marine royale canadienne avait été prévu par un document établissant la stratégie de défense nationale du Canada, lequel fait des régions arctiques une priorité.

Curieusement, le remplacement de sous-marins n’avait pas été évoqué. Pourtant, la marine canadienne en quatre en dotation. Il s’agit de submersibles de la classe Victoria, dont la mise en oeuvre s’est révélée cauchemardesque, étant donné que jours qu’ils ont passé en opération est dérisoire. Par exemple, le HMCS Chicoutimi n’a passé que deux journées en mer en 13 ans!

Ces quatre sous-marin à propulsion diésel-électrique ont été achetés auprès de la Grande Bretagne en 1998 pour 750 millions de dollars. A première vue, l’on aurait pu penser qu’Ottawa avait fait une très belle affaire. Sauf que, ces mêmes bâtiments ont d’ores et déjà coûté un milliard de dollars en frais de réparation et il en faudrait un de plus pour les remettre totalement en état, ce qui devrait être fait, au moins pour l’un d’entre eux, en 2012.

Par ailleurs, les sous-marins à propulsion diésel-électrique ne sont pas les plus adaptés pour patrouiller sous les glaces polaires. Or, si le Canada a besoin d’une capacité pour ses forces océaniques, c’est bien celle-là.

Aussi, d’après CBC, le gouvernement conservateur de Stephen Harper songerait sérieusement à arrêter les frais et à désarmer ces 4 submersibles. Et une phrase, prononcée par le ministre de la Défense, Peter MacKay, a de quoi lancer les spéculations sur les intentions canadiennes. « Dans un monde idéal, je sais que les sous-marins nucléaires sont ce qui est nécessaire dans des eaux profoncdees et sous d’épaisses glaces » a-t-il affirmé à CBC.

Seulement, entre l’intention et la réalisation, il y a un monde. Surtout dans le domaine aussi sensible que peut l’être celui des sous-marins à propulsion nucléaire, où les Etats qui en disposent sont plutôt réticents à dévoiler leurs secrets de fabrication.

Cela étant, il y a des précédents. La Russie, par exemple, va louer le sous-marin nucléaire Nerpa à l’Inde. De même, la France aide le Brésil à construire le sien, dans le cadre d’un partenariat stratégique entre les deux pays. Et déjà, à la fin des années 1980, le Canada avait envisagé de se procurer 12 SNA de type Rubis français. Mais le projet tourna court, en raison de la fin de la guerre froide et de l’opposition de l’opinion publique.

Enfin, l’on pourrait même imaginer que, s’ils ont encore du potentiel, les Trafalgar de la Royal Navy, qui seront remplacés par des Astutes, soient revendus d’occasion à la marine canadienne, si cette dernière n’est pas échaudée avec l’expérience des submersibles de type Victoria.

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