Hercule, le projet d’exosquelette français
Il y a maintenant dix ans, la Darpa, l’agence de recherche et de développement du Pentagone, a alloué 50 millions de dollars pour le développement d’un exosquelette afin d’en doter l’armée américaine.
Il s’agit ainsi de mettre au point un robot collaboratif (Cobot) doté de jambes et de bras « mécatronique », c’est à dire combinant la mécanique, l’électronique et l’informatique, qui permettra à une fantassin qui aura revêtu cet armature de porter des charges de plus de 100 kg en toute facilité car ce ne sont plus ses muscles qui sont sollicités, mais l’armature du système.
Plusieurs projets ont vu le jour, souvent grâce à de petites entreprises technnologiques rachetées par de grands groupes du secteur de l’armement. Ainsi, Raytheon, qui a présenté la première version de son système en 2008, travaille sur le projet XOS-2, pendant que Lockheed-Martin développe l’exosquelette « HULC » (Human Universal Load Carrier), lequel a fait l’objet d’une démonstration, il y a plus de deux, à Fort Lauderdale, avec l’US Army.
Une autre entreprise américaine, Trek Aerospace, est allée encore plus loin en mettant au point un exosquelette volant, le Springtail/XFV Exoskeleton Flying Vehicle, lequel transforme le fantassin en une sorte de « Rocketeer », le héros de science fiction américain qui a toute liberté de mouvement dans les airs grâce à une fusée fixée sur son dos.
Il existe un projet d’exosquelette en France. Piloté par la Direction générale de l’armement (DGA) et financé via le dispositif RAPID, qui permet de soutenir les PME innovantes, le programme Hercule, développé par la société RB3D, a donc vu le jour. Il a été présenté à l’occasion du salon Milipol, qui se tient actuellement du 18 au 21 octobre à Paris.
Selon la DGA, Hercule se distingue des autres programmes en cours par deux innovations. Ses articulations, qui peuvent aller dans un sens comme un autre (mode réversible) sont animées par des moteurs électriques qui « entraînent des actionneurs à câbles mécanisées », ce qui « permet un rendement supérieur à ce qui se fait actuellement ». Et ce cobot détecte lui-même les mouvements de l’utilisateur et les accompagne tout en supportant les efforts à sa place.
Fonctionnant grâce à des batteries, Hercule a une autonomie de 20 km pour une vitesse de 4 km/h. Il permet de porter des charges pouvant aller jusqu’à 100 kg sans le moindre effort pour celui qui en sera équipé.
Pour le moment, il se compose de jambes mécatroniques, qui supportent une structure dorsale, laquelle permet d’emporter des charges sans difficulté. Il est prévu à l’avenir qu’il soit également doté de bras du même type afin de manipuler les charges lourdes.
L’intérêt de ce type de matériel est multiple. Outre les applications militaires, il peut être utilisé à des fins civiles, comme par exemple pour le transport de personnes handicapées, la logistique ou encore le bâtiment.
Avec un coût de développement de 2,7 millions d’euros, Hercule subira ses premiers tests de qualification en 2012 et pourrait équiper l’armée française trois ans plus tard. Il est prévu de le proposer dans le commerce à un prix unitaire de 20.000 euros.